Visages

Entre deux visages j’avais envie de reprendre forme, de savoir à quoi je ressemblais au milieu de ce maelstrom d’idées, noir ou blanc, la flamme de mon cerveau recherche son unité, le chemin non-ingrat des mots qui s’écrivent presque sans y penser, croire en la couleur d’une phrase qui vous plait à jamais.

d’après le photoblog More Reveries, inspiré de la photo Hello

La femme rossignol

quand je me promenais autour du canal, la femme au rossignol était toujours là, sa tristesse à l’écoute de l’oiseau posé sur son épaule,

habillée comme pour un bal de l’ancien temps, la femme au rossignol marchait d’un bout à l’autre du chemin de halage, son vieux livre à reliure rouge sous le bras ne tenait qu’à un fil,

un jour, la femme au rossignol a chanté pour appeler son oiseau disparu et je ne l’ai plus revu

d’après la galerie de Cathy Cullis, inspiré de la photo Nightingale

Amour et poésie

Une petite fée en bouton savait me murmurer des mots doux, ses cheveux de laine donnaient de la couleur à nos caresses, l’inspiration venait à nos étreintes, dans cet espace qui n’appartenait qu’à nous nos désirs dépassaient la page blanche, il restait encore beaucoup de joie pour le tricot de nos sentiments.

d’après la Galerie de Cathy Cullis, inspiré de la photo Love and poetry

Poème d’air et de nature 3

(…)
effondré sur les fleurs, je me mis à souffler les pétales, j’écrivais mes bleus au ciel, je murmurais mes secrets au pollen, j’hypnotisais les pistils avec mes espoirs, … plus tard je fermais les yeux pour laisser mes mains déchiqueter les nuages avec les phrases du poème, cette ode à l’hésitation entre faire, défaire et ne rien faire,

j’aurais voulu rester là éternellement à me nourrir des rêves passant au loin.

d’après le photoblog Wink, inspiré de la photo Written on the sky

Poème d’air et de nature 2

(…)
J’écoutais la musique des fleurs, cette fascination qu’elles avaient pour les glissendi étaient étrange, J’ai compris qu’elles refusaient la facilité du vent pour composer des harmonies qui riaient jaunes devant nos vanités, je cherchais mon chemin dans ce labyrinthe sonore, mes mains prenaient la mesure des inquiétudes flottant au fil de la brise, j’avais beau regarder le ciel, il me manquait quelque chose
(…)

d’après le photoblog Wink, inspiré de la photo Lie in the sound

Poème d’air et de nature 1

Ce matin-là, j’ai gonflé des ballons, recherchant un souffle d’air dans ma vie qui tanguait, solitude, j’ai tout fermé dans ma maison, sans laisser de lettres, je n’aimais pas ce beau temps qui aveuglait les hommes d’une stupide ivresse, je me suis promené sans état d’âme, juste chercher des sons autour de soi, d’une main je retenais les ballons attiré par le ciel, de l’autre je caressais les épis de blé, je sentais cette absurde absence de vent quand mes mains ont voulu se rejoindre pour mettre un terme à cette douceur qui gagnait
(…)

d’après le photoblog Wink, inspiré de la photo Rejoicing the hands

Paysage sans ombres

J’ai marché tout droit vers la tempête, le délire des éléments, ma fièvre en noir et blanc effaçait toutes les ombres, derrière moi les sons s’accumulaient comme une menace joyeuse, la clôture ne voulait rien dire, juste une impossibilité de crier de l’autre côté alors que, alors que, alors que, alors que,

comment attendre ce dont on ne sait rien, ne plus laisser peser l’absence de couleurs, rire noir car le jaune manque, savoir attendre le retour d’un visage dans ce paysage sans reflets qui pourrait être un rêve

d’après le photoblog Filling the Frame, inspiré de la photo Alambrado

Traces de l’expérience

Les reliefs ne disent pas tout de l’expérience, en creux il y a les désillusions que l’on cache, les traits sinueux d’apprentissage difficiles, parfois jamais acquis, les réflexes qui jouent de mauvais tours, toute une vie à déplier dans cette main ni rude ni douce, comme une page dont certaines traces sont effacées, incompréhensibles ou inachevées,    cette main a souffert mais n’a jamais refusé son destin

d’après le Ruben’s photoblog, inspiré de la photo Hands of Experience

Recueillement

Demain, je viendrais pour détruire l’église, la masse était dans mon coeur d’incroyant, je voulais me recueillir alors que je ne crois pas en Dieu, ce lieu désolé gardait tant d’espoir, un grand vide pourtant, j’errais, les murs asséché de décoration, un bâtiment en décrépitude, et puis ce mirage au plafond, alors je me suis mis à prier pour que l’inouïe arrive.

inspiré du photoblog desolate | metropolis, d’après la photo camera obscura 1

Prison en double

Voici deux inspirations différentes à partir de la même photo

1

Qui osera franchir cette limite,
faire ce pas de l’autre coté,
regarder au-delà des barbelés

Il n’y a pas que le vent qui cherche à parcourir le monde

2

Ces fils barbelés me hantent comme le crissement de mes pieds sous la neige. Je fuis, je fuis toujours, je m’enfuis de tout et tout me rattrape toujours, toujours il faut faire face, toujours il faut payer ces inconséquences, ces petites erreurs et ses grandes fautes. Ces barbelés cassent mon horizon, définitivement, ces longues journées en prison, étranglé par les barreaux, trop peur d’air pour respirer, beaucoup de temps pour rêver, avec pour seul obsession la vengeance et puis la fuite, s’enfuir loin de la justice, de l’angoisse de la culpabilité qui veut toujours nous rattraper, qui veut sans fin nous enfermer et nous broyer dans la prison des coeurs blessés, il n’y a pas que les corps qui sont en prison…

d’après le photoblog Man with 101 names, inspiré de la photo Prison