tu étais comme une plume

Photo du Jour 7 mars 2013

Déjà tu voulais t’envoler, ton écharpe donnait la mesure, je te sentais si légère ces derniers temps, insaisissable et ailleurs, tu n’arrivais plus à te concentrer que quelques secondes, tu riais sans raison à un détail invisible ou insignifiant, tu étais comme une plume qui ne sait pas où se poser et qui change sans arrêt au gré du vent, ce jour là j’ai cru que tu allais disparaître dans les airs avec ton écharpe, juste le temps d’une respiration et tu aurais disparu, plus cela allait plus tu devenais un courant d’air qui ne fait que tourbillonner plus ou moins vite autour de nous, jusqu’à ce matin où je ne t’ai plus vu nulle part, où je ne t’ai plus trouvée nulle part, où je n’ai plus sentis le moindre souffle qui pourrait te ressembler, depuis je me demande si tu as été plus qu’un mystère dans ma vie.

d’après la photo du jour le 7 mars 2013 de @randomlyeuphoric élue sur instagram

Photo du jour le 7 septembre 2012

Dans ce atmosphère de fin d’été, je regarde mes enfants jouer au loin sur la passerelle, je me sens étonnamment calme, je n’ai plus peur pour eux, il y a quelque temps je n’aurais pas supporté qu’ils soient si loin, qu’ils jouent en hauteur, qu’ils ne m’écoutent pas, je leur en aurait voulu pour cette insouciance, cette joie d’être au monde, ces rires sans raison, ma seule obsession aurait été de le protéger de tous les dangers, j’aurais envisagé les pires scénarios et même j’aurais inventé des risques potentiels, l’essentiel aurait été qu’il soit tout prêt de moi et le plus calme possible sans être inactifs afin de neutraliser mes pensées les plus sombres, maintenant qu’il pleut des étoiles dans ma tête, je souris et je me sens heureuse de les voir vivre, je somnole dans l’herbe sans inquiétude car nous sommes plusieurs à les surveiller du coin de l’oeil, la journée s’est passée en douceur autour de cette ballade et du pique-nique, tout à l’heure quand je serais moins fatiguée j’irais les rejoindre pour m’amuser avec eux et les prendre dans mes bras, on regardera ensemble le Soleil se coucher et disparaître.

photo du jour de @jn sur instagram le 7 septembre 2012

Photo du jour le 1er juillet 2012: les flammes de l’été

Même si l’hésitation n’est plus de mise, tout concoure à me faire regretter -un peu- de quitter Paris, les amis qui ne cessent de m’inviter à dîner, les rues qui deviennent vivables en cette période estivale, le coucher de soleil sur la tour Eiffel que je suis en train de dessiner, il y a aussi le sourire de cette jolie femme, mon appartement grand et pratique, les épiceries du quartier, mais je me sens piégé, pris dans la nasse de cette vie frénétique, grisante, enivrante malgré tout mes efforts je suis emporté par le futile, les tentations et les relations sociales si faciles, je n’arrive pas à finir mes projets de bandes-dessinées, et puis le présent est trop éprouvant, je n’arrive plus à trouver ce brin de légèreté pour supporter telle ou telle contrainte, je ne sais plus attraper ce grain de folie qui me fait aimer mon métier, qui me permet de créer toutes ces histoires, qui fait que je me sens exister, et quand respirer devient difficile, quand être soi-même devient un effort, quand se perdre dans le mensonge des autres nous guette, alors il faut partir, suivre les flammes de l’été, celles que j’ai esquissées au-dessus de la tour Eiffel.

d’après la photo du jour le 1er juillet 2012 par @petrichor218_gi sur Webstagram

Photo du jour le 22 juin 2012: il y a de l’amour dans l’air

cette photo est dans l’album de famille et elle me donne le vertige, je suis très mal à l’aise quand je la regarde, je reconnais les lieux, pas le couple, il y a pourtant de l’amour dans l’air, l’idylle est figée à jamais dans ce noir et blanc, l’amour est éternel mais fragile à la fois, il va peut-être la lâcher dans la seconde qui suit et prendra fin la belle image, elle va peut-être se dégager pour s’enfuir à la nage, tout est figé et mensonger à la fois, je suis très mal à l’aise, je ne reconnais pas le couple dans ces souvenirs de famille, je n’ai ni fille ni fils, des amis, de vagues connaissances, des inconnus pris à leur insu juste pour la beauté de l’image, ma femme et moi n’avons jamais réussis à vivre cette insouciance, il a fallu tout de suite prendre la vie au sérieux et être des adultes, le boulot et l’argent étaient les seules choses qui nous préoccupaient, nous vivions à 200 km/heure, la folle illusion que c’était cela la vie, que les enfants seraient des fardeaux, que les amis devaient être à la hauteur de nos ambitions et de notre standing, on fait le vide et les connaissances que nous avons maintenant sont superficielles, liées aux circonstances, chaque fois que nous changeons de villes et parfois de pays, c’est sans état d’âme que nous changeons aussi le cercle de nos amis, aujourd’hui ma femme est partie avec l’un de ces “amis” sans un mot et sans regret, je suis très mal à l’aise, et cette détonation dans mon coeur m’anéantit avec une telle intensité que je sens bien que je perds la tête, je suis très mal à l’aise, j’ai le vertige, je tombe, sans savoir si cela va s’arrêter

d’après la photo du jour le 22 juin 2012 par @lisabiasio sur Webstagram

Photo du jour le 16 juin 2012: prendre la pose

aujourd’hui j’hésite, il est là derrière moi à prendre sa photo, cette photo qu’il veut partager avec le monde entier en l’envoyant sur internet, il est là sur l’un des lieux les plus intimes de mon enfance, celui où j’ai appris à nager, celui des vacances insouciantes, celui où j’ai rêvé ce moment avec mon amoureux, l’un à coté de l’autre à regarder silencieusement passer les nuages, aujourd’hui je ne sais plus si je suis encore amoureuse, je prends la pose pour qu’il puisse crâner sur les réseaux sociaux, je fais aussi une pause dans ma tête, je suis là avec lui et pourtant je me sens si seule, je n’ai rien de particulier à lui reprocher, rien de grave, les broutilles du quotidien, je n’attends pas non plus les flammes de la passion, je n’ai plus d’illusion, aujourd’hui nous sommes loin l’un de l’autre, lui sur internet avec son smartphone, moi ici à repasser les moments de bonheur vécus auprès de ce lac, aujourd’hui j’hésite à continuer avec lui, qui est là derrière moi créant une fausse image du bonheur que des milliers de gens vont peut-être “aimer”.

d’après la photo du jour le 16 juin 2012 par @catherinedut sur Webstagram

Photo du jour le 09 juin 2012: je rêvais d’une autre vie

Je rêvais d’une autre vie, tous les dimanches en me promenant dans le musée du Louvre, je me rêvais une vie d’artistes faite de péripéties et de pérégrinations formidables, je rencontrais plein de gens et je séduisais les femmes, il me fallait changer d’époque parfois mais ce n’était pas si difficile, je rêvais d’une autre vie depuis tant d’année, c’était un petit viatique à ma solitude, il y avait tant d’histoires à se raconter que je n’étais jamais rassasié, en hiver il me fallait supporter le retour de nuit avec des rues presque vides, le rêve se brisait dans le crépuscule de la ville, mon appartement vide achevait le travail de sape… et puis, il y eu ce couple de japonais qui me demanda de les photographier, ils parlaient bien français, sans y penser, nous nous sommes retrouvés dans un restaurant, la soirée a été très chouette et depuis je ne me sens plus si seul, et j’irais peut-être un jour chez eux au Japon, chercher d’autres vies à rêver…

d’après la photo du jour le 09 juin 2012 par @nestelou sur Webstagram

Photo du jour le 27 mai 2012: larmes du ciel

ce soir là, le ciel pleurait plus que moi, ce soir-là, je m’étais faite belle, trop belle pour lui, on dirait qu’il n’a rien vu, trop préoccupé par les mots qu’il voulait me dire, qu’il m’a dit, qu’il m’a craché, ce soir-là, il a tourné la page, il m’a effacé de son univers, avec la gomme qu’il utilise pour ses personnages dessinés, ce soir-là j’ai moins pleuré que ce que je n’aurais cru, il était si glacial et si lointain, je ne pouvais rien regretter, le ciel était triste à ma place, comme pour éviter les derniers adieux dans la rupture, je me suis levée sans crier gare, ce soir-là j’ai eu le courage de partir sans demander mon reste, j’ai ignoré ses appels, la bassesse de ses injures et j’ai souris quand il a terminé par quelques balbutiements sourds, à bout de souffle, une fois dehors je me suis sentie bien sous la pluie, la ville pleurait à ma place et mes sombres pensées s’enfuyaient dans la nuit, ce soir-là j’ai pris la décision de prendre en main mon destin.

d’après la photo du jour le 27 mai 2012 par @mustafaseven sur Webstagram

Photo du jour le 17 mai 2012

Je suis toujours ému quand je reviens à Rouen,quand je vois l’usine, quand je sens la flamme, mes mains tremblent, mon corps se souvient, ma vue se trouble, le travail était rude, exténuant, horrible, mais je l’aimais, j’aimais cette peur d’y aller, le risque quotidien, parfois minute par minute l’angoisse qui monte, la mort qui rode autour de cette flamme au-dessus de nous, le patron avait beau dire et avait beau promettre le risque zéro, personne n’était dupe et nous étions solidaires, la peur nous soudait au-delà de toute autre considération, alors l’usine et les environs sont moches, alors l’usine est critiqué par tous, même au-delà des écologistes, alors l’usine nous a tous détruit un peu, beaucoup, à la folie, mais nous l’aimions notre usine et nous l’avons défendu maintes et maintes fois, je me souviens de ce piquet de grève où l’on s’est rencontré et aimé pour la première fois, et maintenant j’apprends qu’elle doit fermer pour des raisons financières et je suis écoeuré, je viens pour me battre, je viens pour ne pas sombrer à nouveau dans la folie, je viens pour essayer d’oublier et tourner la page d’un passé resté tapi au creux de l’estomac.

d’après une photo de @monnalisa, photo du jour le 17 mai 2012 sur Webstagram

Photo du 13 avril 2012

C’est le moment de l’embrasser et l’hésitation est là. Nous avons marché dans la ville calme du dimanche. Nous avons parlé du collège, des copains et des dernières vidéos vues sur le net. Les silences timides ne duraient pas. Chacun s’employait, fébrile, à éviter ces blancs. On se plaît et chacun sait que l’autre sait… mais quand vient l’heure de la déclaration, l’appréhension grignote les certitudes. Elle m’a fait des compliments sur ma tenue et moi sur sa coiffure. J’ai vu ces joues rosir, à peine. Cela m’a ému. Nous avions fixé d’un commun accord le point d’orgue de notre promenade à deux, la première en dehors des activités quotidiennes: ce pont où à cette saison les fleurs et l’eau se mélangent avec sensualité. Alors que d’autres vont au cinéma ou au skate parc pour leurs rendez-vous amoureux, nous c’est la nature, une intimité hors de la ville. Elle aime les fleurs et moi le bruit de l’eau qui coule sous ce pont. Je ne sais plus quand je lui ai pris la main mais c’était doux de la tenir. Nous n’avons pas arrêté de sourire ou de rire, c’était chouette. Depuis que nous nous sommes accoudés à ce pont, un délicieux silence s’est installé et, miracle, nous sommes seuls. Elle s’est blottie contre moi à l’instant et je crois que c’est le moment de l’embrasser. Je m’approche avec lenteur de son visage en regardant la rivière, je fais durer, puis je me tourne vers ses lèvres en forme de fleur.

d’après une photo de @tee_gf, photo du jour le 13 avril 2012 sur Webstagram

Photo du jour le 6 avril 2012

Comme une longue fête de famille, les retrouvailles ont été euphoriques, les embrassades et les nouvelles fusaient dans tous les sens, nous étions ivres de nous retrouver, les enfants sont partis tout de suite jouer sur la plage, leur excitation était belle à voir, l’apéritif fut moins frénétique, nous continuons à égrainer les petits faits du quotidien depuis la dernière fois, là des travaux dans la maison, ici le voyage en Grèce, ailleurs un nouveau boulot, puis les enfants fatigués ont commencé à nous agacé et le repas n’était pas encore chaud, quelques petites piques sont arrivées, la ritournelle connue des reproches, le vin coulait à flot et les esprits s’échauffaient un peu, les grands parents avaient beau calmer le jeu ou tenter de détourner l’attention, rien n’y fit, quelques belles vacheries étaient en préparation quand un enfant a fait une grosse bêtise qui a focalisé l’attention de tous les adultes contre lui, le bouc émissaire ayant été sacrifié, le calme est revenu autour du café et puis on a dansé, l’assemblée s’est dispersée au rythme des vagues, la musique s’est faite plus calme et plus discrète jusqu’au levée du soleil, les survivants sont allés en silence au bord de la mer pour admirer le retour de la lumière.

d’après une photo de @chloecyde, photo du jour le 6 avril 2012 sur Webstagram