Blanc vitrail

Conques

J’ai peur de sortir, mes mains sont rouges et tout m’accuse, dehors ils sont tous hostiles, même si je suis en paix maintenant, à l’abri de l’enveloppe ouatée de ce vitrail, de sa tension blanche qui apaise et redonne le sourire, les évènements se sont précipités à une vitesse incroyable, les mots sont gravés dans la mémoire de certains, les gestes ont fait mal, mais ce n’est pas ce que je voulais au tréfond de moi, ce n’est pas moi, quelqu’un a-t-il voulu me piéger, ils me détestent tous, ou presque, je ne saurais pas quoi dire, je n’ai rien à dire, ici je suis bien, ce blanc repose, l’esprit peut prendre de la hauteur et s’évader dans les méandres de l’église, la finesse de ces arabesques détricote le bouillonnement intérieur, je ne cherche plus à comprendre, je ne cherche plus à savoir la vérité, ici je ne me sens pas coupable mais juste moi sans faux semblants, ici je suis prêt à attendre l’éternité que tout se règle par soi-même à l’extérieur, si je pouvais ne pas sortir, si je pouvais ne pas être déranger, si la rumeur pouvait disparaître, si l’angoisse pouvoir s’évanouir, si tout cela pouvait ne pas avoir eu lieu et si je pouvais juste écouter la bruit du vent, le chuintement de l’hiver dans cette église, alors je ne quitterais plus jamais Conques, mon pèlerinage prendrait fin.

 

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