de quel bois sont fait les mots

le poète éperdu se demande
de quel bois sont fait les mots
quand ils n’enflamment plus son stylo
laissant les phrases en friche.

(journal des mots n°74 / 1er mai 2012)

les mots érotiques

Sur la plage,
laissez la place aux mots érotiques
ceux qui grisent
le vent qui passe.

(journal des mots n°73 / 30 avril 2012)

tomber amoureux d’une ombre

tomber amoureux d’une ombre
qui rythme mes pensées
par ses pas enlevés dans la nuit
ne pas vouloir la connaître
ne pas briser la magie
des gouttes d’eau qui rebondissent sur le sol
des sentiments obscurs
risquer de vivre l’heureux flou

d’après le photoblog My Rainy Days, inspiré de la photo Rythm of rain

les mots frémissent d’aise

A l’ombre des pensées en fleurs
les mots frémissent d’aise
sous le jaillissement
d’un poème curieux de la vie.

(journal des mots n°72 / 29 avril 2012)

les mots de la révolte fusent

A force d’être tus
A force d’être inaudibles
les mots de la révolte fusent
feux d’artifices potentiellement mortels.

(journal des mots n°71 / 23 avril 2012)

Vases communicants: Chanel à Bruxelles and co

Vase communicant avec La pelle est au tractopelle ce qu’est la camomille à Camille

Vases communiquants

Chanel à Bruxelles and co

Coco Chanel, sortie du métro porte de Hal, s’étonne de la pelouse pelée.
Coco Chanel écoute le guide chanter la gloire de cobra et se surprend à apprécier malgré elle le graf de celui-ci, tracé d’une ligne épurée.
Coco Chanel trouve que c’est bien vu d’écrire le F de freedom dans un cercle et note l’idée, elle la replacera bien un jour.
Coco Chanel se demande se qu’elle fait dans cette ville de province où les immeubles ne sont pas alignés, ni leurs fondations d’équerre, ni les rues rectilignes. Que du guingois.
– En plus ce n’est pas une ville de province, c’est une capitale.
Coco Chanel aperçoit une petite danseuse chinoise en tutu qui tague en entrechat sans regarder ce qu’elle fait et se demande si c’est ça le talent.
Coco Chanel écoute le guide expliquer le graf qu’il a fait pour son amoureuse sur une baraque à frite et se demande si l’amour est raisonnable.
Coco accroche ses yeux au mur, une Longue Chenille de mots qui attendent, mais quoi…
Coco Chanel frémit, des invaders ont envahi la rue, enfin au moins un, alors qu’on est déjà en 2012.

Coco Chanel trouve les pavés disjoints dangereux pour les talons, gare aux tendinites.
Coco Chanel s’exaspère de l’embrouillamini de graffitis et juge Diogène carrément surévalué.
Coco Chanel ne comprend pas cet urbanisme de broc ou des immeubles sont implantés en biais.
Coco Chanel trouve que les passants sont vêtus de loques, ou dans le meilleur des cas de frusques qui jurent entre elles.
Coco Chanel regrette de ne pas avoir été dignement présentée aux vingt agents de la mairie qui traquent les graffers, les tagueurs ainsi que les street-artistes 365 jours sur 365.
Coco Chanel trouve complètement illégitime, voir révoltant, que l’on porte atteinte aux murs privés avec des dessins dignes d’enfants de deux ans.
Elle rêve de laque de signes, elle guette les hautes lettres colériques, l’envol n’est pas loin.
Coco Chanel t’en ficherait du chic, partout, du chic dans ces rues biscornues, ces trottoirs troués et le monde ne s’en porterait pas plus moche.seqd
Coco Chanel va avoir ses vapeurs si elle reste plus longtemps dans un endroit fichu comme l’as de pique et hallucine des formes épurées.
Coco Chanel se demande où vont ceux qui partent et se dit qu’ y en a qu’ont bien de la chance.
Coco se détourne des fesses rebondies où se trouve tatoué le premier article de la vingt cinquième constitution belge.
Coco Chanel abhorre la pluie et songe qu’il faudrait couper net la tête aux conducteurs de tram en grève, elle est dans ses petites ballerines à Bruxelles.
Coco Chanel se sent désespérément seule et incomprise dans cette ville de province, pas digne d’être l’écrin de son talent étincelant, même si cette ville est, parait-il, une capitale.
Coco vole une bombe et trace d’un trait bleu et d’une main véloce, ni dieu, ni jean-paul 2.