la musique du carré gris

La musique sédimente sous nos pas, dans l'interstice des pavés l'enceinte est engloutie, dé-naissance, le son efface son visible, nos cerveaux battent, rythmes cacophoniques, les basses sont grises dans nos cellules, l'aigu hurle dans le désert, attente que quelque chose décide de frapper la mesure, donne enfin une résonance aux maigres tâches de couleurs, ne pas s'enfuir alors dans le ronron des musiques hurlantes, dans les crissements du tag rouge,
savoir écouter la plainte du carré gris.

d'après une photographie de la série Buracos (1996 – 2002) de Marcos Chaves

Murmure d’adieu

A l'oreille, un souffle, la tendresse intime d'un au revoir, le froid dehors n'existe plus, juster manger de mots l'ouïe de l'autre, doux doucement griffer l'air de son amour, la tête s'attarde dans le creux de l'épaule, espoir saccadé du retour…

image saisie sur le quai d'une gare

Ivresse des pétales

Elle s'ennivre
la griserie des pétales
coupe d'alcool dans ses mains

Son rire secoue l'arbre
De joie, il abandonne encore
des pensées éparpillées
Pétales où sont venues se nicher
l'intime des passants.

Les yeux fermés, elle hume
comme un vertige
entre l'envol et la chute
tous ces murmures inconnus.

d'après une photo d'Edouard Boubat (Paris, Parc de Sceaux, 1983)