Menace du silence

j’ai peur du silence des formes, je crois que les meubles ou les objets vont m’anéantir, j’évite les miroirs qui absorbent les reflets, je panique en face des lignes d’ombres affûtées comme des couteaux invisibles, je fuis la lumière qui assassine les rêves, j’évite de prononcer le moindre son qui effacerait mon corps, je retiens sans cesse ma respiration jusqu’à baigner dans ce noir, en équilibre au-dessus dans ce maelström vide, si séduisant

d’après une photo du photo du samedi 6 mai 2oo6 à Saint-Pierre-Bois (67) sur le site Photoblog déclic du jour de Philippe Lutz

absence de soie

je m'absente, je me donne ces morceaux de rêve au milieu de la brutalité des mouvements et des volumes, la vie s'efface dans un fondu de lumière, je rêve d'ici et de maitenant à la douce sensualité de son baiser, à ses mains créant mon corps, à sa voix incarnant mon existence,

rester encore un peu dans ce brasier blanc qui ne serait plus seulement l'obsession de continuer à respirer

d'après la photo Photo In absentia du photoblog Photoblog Sopheava de Lumière

cycle de l’ombre

Le cycle de l'ombre

L'homme ne s'y reflète pas, il refuse son ombre, il dévore sa vie qui n'est que lumière, il renvoie au Soleil toute son arrogance, son délire d'immortalité, l'ombre dissipée installe le doute et comme les roues de son vélo tournent le cycle des médisances, seules aisances des mauvaises ombres qui se plaisent à guetter le nombre des absurdités, l'homme les laisse tourner et dériver au rythme de ses coups de pédales et puis il s'arrête fièrement laissant le photographe fixer pour jamais son absence, l'homme soupire de ne pouvoir donner ne serait-ce que l'ombre de son si joli sourire, il pourrait croire alors à la vie infinie.

d'après la photo Bicycle Shadow du photoblog Dutch PhotoDay

Réalité liquide

Réalité liquide

fascination de la lumière, la réalité s'ombre de ses facettes, de clignement en clignement l'oeil se craquele de visages et d'objets qui se superposent, la réalité devient liquide, est-ce juste un reflet de soi ou un rêve violent quand ta vie se mélange à d'autres images?

j'aimerais ne pas être dévoré par le noir, simplement sourire en noir et blanc.

d'après la photo Holga fisheye – double exposure de Jege

S’asseoir

Ne plus savoir où s'asseoir, la vie en ruine, marcher,marcher, chercher une blancheur où se poser, ne plus savoir où s'asseoir, si l'on peut s'asseoir, marcher, marcher, marcher, la fatigue donne ce vertige, impossible, impossible, impossible, quand le regard cherche, elles surgissent, ces chaises, des flashs de chaises envahissent la rétine, impossible, impossible, impossible, juste ce rêve fatigué de s'asseoir sans savoir où mais, oui enfin, s'asseoir au bord du mirage

Photo n°37 du blog Sannahkvist.se – She broke my heart so I broke her face

Polygones

Revanche glaciale d'un ciel asphyxié, il aligne au scalpel l'artifice, le sang lumière, le polygone devenu marionnette hurle de ses zébrures, le fantôme d'acier tranché est suspendu, encore une fraction de souffle, avant le déferlement, violence de la chute

d'après une photo de Bénédicte Reverchon, dans la série Les Lumières de la ville, visible à la galerie Vrais Rêves à Lyon et sur leur site vraireves (rubrique expositions en cours)

Au bord du précipice

Froid et solitaire, Buster K cherche comment ne pas se laisser congeler, Buster tient son trésor tout contre lui, à un pas de la tristesse, le précipice blanc est là, le regard tourné vers le passé, Buster n'a plus l'énergie des larmes, fragile, à un pas du cristal, prêt à fondre, Buster hésite à vivre,

Se donner encore quelques minutes pour les peut-être

Il ne veut plus enlever son masque blanc.

d'après une photo du film Ma Vache et moi de Buster Keaton, voir sur le site de l'institut Lumière de Lyon, http://www.institut-lumiere.org/, dans le programme de la rétrospective

la musique du carré gris

La musique sédimente sous nos pas, dans l'interstice des pavés l'enceinte est engloutie, dé-naissance, le son efface son visible, nos cerveaux battent, rythmes cacophoniques, les basses sont grises dans nos cellules, l'aigu hurle dans le désert, attente que quelque chose décide de frapper la mesure, donne enfin une résonance aux maigres tâches de couleurs, ne pas s'enfuir alors dans le ronron des musiques hurlantes, dans les crissements du tag rouge,
savoir écouter la plainte du carré gris.

d'après une photographie de la série Buracos (1996 – 2002) de Marcos Chaves

Murmure d’adieu

A l'oreille, un souffle, la tendresse intime d'un au revoir, le froid dehors n'existe plus, juster manger de mots l'ouïe de l'autre, doux doucement griffer l'air de son amour, la tête s'attarde dans le creux de l'épaule, espoir saccadé du retour…

image saisie sur le quai d'une gare