être quelque part

être quelque part sans question ni angoisse, être quelqu’un pour quelqu’un, se poser pour exister, ne plus être un objet plus ou moins utile mais être regarder pour soi, être une couleur pour le passant triste, entendre ses mots d’exclamation, ne plus être une poussière de vie mais un grain de sable qui fait énerve, qui fait voyager, qui habille d’exotisme, trouver son panache et tenir en respect lesindifférents

d’après le photoblog Mystery Me, inspiré de la photo Conservatives lose seat in Blackpool

corps rouillé

la paix s’est posée devant ces ruines, il n’y a plus de fatigue, souvenir abstrait du passé, mon corps ne cherche plus d’énergie, rouiller comme un mauvais morceau de métal, un calme vert de gris coule dans mes veines, dans cette ambiance sépia, les ruines sont plus vivantes que moi, la terre brille de mille forces sombres, fossiliser ici un jour et devenir un rêve de photographe.

d’après le photoblog Mystery Me, inspiré de la photo Black Nab

insomnie

trop de tristesses, trop d’angoisses, trop de questions, la nuit triture les images dans ma tête, imprécises et sombres, les monstres malaxent des ondes bizarres, oublier, pouvoir oublier , fuir et savoir fuir, ces photos, ces gens, ces cris, ces traits lumineux cassent mes yeux, ma tête, mon sommeil, des rayures surgissent au contour de mon champs de vision, toujours au mauvais moment, quand enfin mon cerveau prêt à sombrer dans le meurtre, s’immobilisait, au bord de l’évanouissement

d’après le photoblog XoverIP – Vernon Trent, photo insomnia

la chaise attend…

Elle rit, de s’admirer dans ce miroir, emmené par les huissiers à la triste figure. Elle est dans sa tenue la plus excentrique, son boléro rouge vif, son châle orangefluo et ses escarpins parme . Elle a ses couches de maquillages qui fondent sous le néon de la cuisine. Elle est assise sur une chaise dans cette immense pièce où ils ont fait l’amour tant de fois.

Elle danse dans la rue, excitée comme une puce. Elle fait comme s’il ne s’était rien passé. Plus tard, elle gravit avec un acharnement maladif la pente très raide de la colline. Elle tombe, elle glisse et se relève, elle tombe à nouveau et son rire nerveux résonne alorsqu ’elle s’accroche aux branches de l’arbre pour se remettre debout. Elle piaffe d’entendre les aboiements du chien. Elle se voit déjà en train de jouer avec lui comme quand ils étaient tous les trois dans ces montagnes isolées. Elle voudrait tout faire comme avant. Elle voudrait déguster ce chocolat chaud cuit sur le poêle à bois. Elle a déjà la langue brûlée, comme s’il l’avait embrassé…

Elle s’assoie et l’attend. Elle l’attend dans tous les lieux qu’ils ont fréquentés. Elle transporte cette chaise partout comme si… Elle a repris maladivement leurs habitudes, le café du matin là, le déjeuner du jeudi ici, la sortie au cinéma en matinée le dimanche suivie d’un apéritif à La Coupole, comme si… Elle l’attend aussi avec ses habits, qui ternissent de plus en plus. Elle a ce souci du maquillage qui tend au masque comme un sortilège pour le rappeler.

Elle l’attend assise sur un boulevard, sur la place de la mairie, à la gare, devant toutes les écoles, dans le parc, dans tous les lieux improbables et… dans leur jardin. Souvent, Elle danse avec la chaise comme si c’était le bal du 14 juillet. Ce matin, il n’y a plus que sa chaise qui attend là, comme si…

d’après la première photo de la série balades du portfolio de chambrenoire

neige vide

ma vie s’écrit de croix et de pas à pas, je cherche un peu beaucoup, folie,… mes traces sur la neige fraîche, tous mes rêves qui laissent à peine un souffle blanc sur le macadam, je cherche mes larmes, mes larmes enfin un peu cristallisées sur la folie blanche, l’absence, l’absence fondra comme la tristesse au printemps, je cherche mes larmes, leurs empreintes en moi ne s’effaceront pas tant que mes yeux pas à pas fuiront ce vide, déplaceront ce vide, porteront ce vide, je cherche un peu, beaucoup, folie… fuir une absence trop légère pour marquer la neige.

d’après Footprints and lines du photoblog Troisième oeil

immuables

Immobiles, ces récifs témoignent de la falaise, l’effondrement de l’immuable muraille de pierres et de plumes, la falaise a quitté sa verticalité pour s’allonger dans un fracas d’écumes, les plumes ont suspendues un temps la descente aux enfers, depuis la mer ne cesse de consoler ces carcasses brutes par ses flux et reflux sensuels, l’eau caresse et arrondit peu à peu les arrêtes douloureuses, les jours de grand vent des plumes viennent se déposer sur ses rochers, immortels témoins d’une folie, et l’on entend souffler les mots du paradis.

d’après la photo Immuables du photoblog chambrenoire

tempête

Ne le dis à personne, j’ai mon coin de paradis, je rêve devant ce petit étang, ne le dis à personne, je pars respirer l’ailleurs, je refais ma vie devant ce petit étang, ne le dis à personne, j’ai une tempête dans ma vie, une partie de mon coin de paradis s’est écroulé, ne le dis à personne, elle n’est plus, mes rêves ne savent pas où elle est partie, ne le dis à personne, je reste trop longtemps dans mon paradis, de plus en plus longtemps, je pleure ou je souris à elle, ne le dis à personne, elle n’est pas morte dans mon coin de paradis, je l’ai embrassé pour la première fois devant l’étang, ne le dis à personne, toute ma vie est dans ce paradis, même quand il n’existera plus, mes rêves le plus fous commenceront devant cet étang, même quand il n’existera plus, mes amours commenceront devant cet étang, même quand il n’existera plus, mon âme habitera le temps de cet étang.

D’après la photo d’une série intitulée balades du photoblog chambrenoire

noirceur

étouffer par les lignes de force, je marche à l’aveugle dans ce couloir, tétaniser par les ombres, je tremble pourtant sous les regards, aveuglé par le noir, j’ai peur du chemin, asphyxier par le grain de l’atmosphère, je respire mes cauchemars, affolé par le silence, je voudrais ne pas courir, épuisé par ma course éperdue, il ne me reste plus qu’à photographier sans fin ce rêve de noirceur qui va peut-être m’engloutir.

d’après la photo Darkness du photoblog chambrenoire

Traverser le miroir

Depuis trop longtemps le miroir m’intimide, je reste de l’autre côté du guet, depuis trop longtemps je ne vois plus les couleurs, je me suis évanoui dans la blancheur lisse, depuis trop longtemps j’aime la transparence, j’avance sans points de reflets sur la glace, depuis trop longtemps je suis confortablement invisible, je regarde avec stupeur surgir les aspérités, depuis trop longtemps ces rochers alourdissent mon âme, depuis trop longtemps l’espace est vide, j’entends craqueler la banquise de mon univers, depuis trop longtemps le feu des doutes voudrait que je traverse, depuis trop longtemps je ne veux plus tourner en rond, je marche en découvrant l’écho de mes mots…

d’après la photo ….. du photoblog Chambre noire

deuxième texte d’une série inspiré de ce photoblog

croire et chercher à croire

croire que la douleur s’évanouie d’une simple pénitence, croire que le désir s’enfuit d’une simple prière, croire que la folie s’envole d’une simple abstinence, croire que la pierre sacrée rayonne de bienfaits, croire que prêcher suffit à effacer les pêchés, croire qu’il faut croire plus que les statues immuables, croire que la foi n’est pas une chaise vide, chercher à croire que ce qui s’envole nous sauvera, chercher à croire que les ombres ont des espoirs, chercher à croire qu’il suffit de chercher, attendre de croire que tout est perdu.

d’après la série La Suite d’Arles (2OO3) de Corinne Mercadier

(fin provisoire de ma série inspirée par les photos de cet artiste)