Tracé en rouge – 3

(…)

non tu dois rester encore devant mes yeux aveugles jambes épuisées de tant non marcher vivant vers ce visage est-ce toi? j’espère que c’est bien toi devant silhouette rouge la boue ralentit tout non les traces effacées plus la moindre mes mains sont rouges comme mes yeux que ton visage est pur tes yeux vides sans pleurs tu n’as pas pleuré eu le temps d’avoir des yeux sous tes larmes non tes larmes sans passion ta peur sans passion ma passion qui fait rire trop de rires dans ta bouche non rires dans ton coeur qui nargue ma passion cette joie vers toi mes mains vers toi tremblant de passion sans peur de serrer ta passion rires engloutis dans tes yeux qui se vident enfin libérer de la boue de la peur d’aimer non de l’envie de partir définitivement soi-disant fatiguée d’attendre que moi j’aime ton coeur comme j’aime ton corps non tes mots passionnés trahissent tout ton amour ton élan amoureux trop retenu enfermé trop violent cette violence rouge cet excès ce trop plein vers les autres non tu non ne pouvait pas résister

(…)

Tracé en rouge – 2

(…)violence en toi en toi la fuite sans cesse loin de la boue loin de ton coeur apeuré les yeux fermés si clos si enclos si tellement enfermés définitivement enfermés sur le chemin vers non vers non tu n’oses non non le chemin du non enfermé si clos la boue glisse tu es loin comme perdu dans ton coeur qui refuse la Lune oui dans ma main il y avait la Lune ouvre si tu ouvres la Lune vient dans tes yeux si tu n’étais pas non un coeur blessé de frayeur effrayé de sa propre frayeur arrêtes non stop tout non accordes ton coeur au petit vent aucune frayeur n’empêche la marche je tombe j’embrasse la boue nous relie non notre lit la marche te rattrape jambe blessée faiblit à ta suite le coup fut rude non partir tu me fais faire des ronds air dans l’air extrême vif des ronds vifs pour vivre marcher vivant jusqu’à ton visage non mes yeux non ne voient plus plein de sang mes yeux brouillés de rouge amour couleur passion de rage rouge ma passion pour tes yeux bleus non pas vide ils ne sont pas vides devenus vides ils sont ils le sont dans le sang marcher encore un peu loin être loin

(…)

Reflet d’un avant

C’était un soir de masques et de fureurs
Déjà la pièce avait commencée dans ma tête
Bientôt mon corps allait tremblé
Juste avant d’entrer
Jouer avec soi, un autre malheur,
sentir l’émotion surgir de la salle
enfin libre
de choisir à qui ressembler

d’après le photoblog d‘Ilan Bresler, inspiré de la photo Reflections

Ce pourrait être n’importe qui

C’était avant, la soirée s’annonçait belle, il faisait doux, le barbecue préparait de la bonne viande, je regardais les gens se servir au buffet, j’étais bien, pour une fois j’étais bien, je ne sentais aucune angoisse, toute crise d’asthme semblait improbable, je participais avec avidité aux conversations, c’était avant, aujourd’hui je regarde cette photo qui me parait si étrangère à moi-même, ce pourrait être n’importe quelle famille ou soirée entre amis, et pourtant il semble que j’y étais, c’est moi qui aurait pris la photo, il semble, c’était avant, je ne sais pas ce qui s’est passé, on ne me dit rien, on veut me préserver, on me dit juste « c’était avant », je ne me souvient de rien, je sais juste que j’aimerais y être à nouveau, j’aimerais à nouveau pouvoir être n’importe qui.

d’après le photoblog d’Ilan Bresler, inspiré de la photo Almost Everyone

L’écouteur

Je suis fou
J’écoute aux portes, dans la rue, dans les parcs
dans les musées, dans les musées, chez les gens
C’est pas si facile
d’entendre tout ce qui se dit
le banal est ennuyeux
les ragots pas toujours croustillants
Les compliments souvent calculés
Les mondanités trop mielleuses
Les murmures plus intrigants
ils disent les secrets, les vacheries, les mots doux
Les déclamations trop attendues
elles blablatent, parlent faux ou injurient
j’exclue les cris d’amour si émoustillants
j’aimerais tout retenir, me souvenir, être dépositaire
de tous ces paradoxes
mais il en a trop
c’est si contradictoire
si impossible à comprendre
je suis fou, oui,
de ces impossibilités
le bonheur est à portée de mots
mais ils n’osent pas.

d’après le photoblog d’Ilan Bresler, inspiré de la photo Listener

Tache indélébile

Les émotions contradictoires se dispersent peu à peu
J’efface un à un les couleurs du paysage
la raison
Ne plus souffrir
partir se baigner dans ce monochrome médicamenteux
se dissoudre dans l’eau
l’oubli
quand soudain
surgit cette tache indélébile.

d’après le photoblog d‘Ilan Bresler, inspiré de la photo Red

Où est passé la joie?

Sur ces lambeaux de mur
mon enfance se lézarde
finis le délire des parties de cache-cache
ailleurs les petits plats de maman n’ont pas la même saveur
ne plus pouvoir chanter à tue-tête du rock débile
avoir peur quand la maison est vide
où est l’insouciance à ouvrir les volets?

L’absence à tout démolit
y compris mes souvenirs.

d’après le photoblog Life through a Lens Stu’s blog, insipiré de la photo untitled du 16 oct. 2008

Il suffirait d’attendre

Je suis fatiguée d’être triste, je m’ennuie, je marche dans ce parc tous les jours mais je m’ennuie, je suis seule, je pleure à perdre la raison, je cherche peut-être l’âme soeur mais je ne supporte pas la vie à deux, je m’ennuie et pourtant la vie bouillonne autour,

il suffit d’entendre tous ces bruits et ces paroles faire une cacophonie brouillonne, je suis fatiguée mais j’attends un regard, un signe pour m’extraire de l’ennui, un sourire et même quelques mots, le sage dit d’attendre et pourtant c’est insupportable

d’après le photoblog Life Through a Lens Stu’s Blog, inspiré de la photo Knackered

Pétrification

Tout mouvement est danger de mort
L’oxygène ne manque pas
mais le corps n’ose plus
absorber l’extérieur
bouger et ressentir
même la parole
les odeurs
l’air

pétrifie