une vie de banc public,
attendre
les pénibles, les fourbes, les indifférents,
les rêveurs, les dragueurs, les galopins qui grimpent partout,
les nourrices à poussettes, les amoureux qui s’embrassent toujours
une vie de banc public
entendre
les soupirs, les hurlements, les déclarations,
les pleurs, les banalités, les slurps,
le brouhaha grave ou le silence heureux
une vie de banc public
supporter
les grands, les frénétiques, les demi-fesses,
les faux-maigres, les envahissants, les sédentaires
les anorexiques, les vrais gros et les demi-portions
une vie de banc public
n’être jamais seul
même quand le parc est vide
car certaines âmes sont assises pour toujours
et le matin, vous pouvez les voir briller
elles frémissent de nouvelles rencontres
elles nous murmurent de jolis contes inconnus
elles nous chantent la nostalgie des corps
d’après le photoblog chambrenoire, la photo The wait