micro-fictions

1/ C’est dimanche.

C’est dimanche! La radio crépite sa musique au lieu des habituelles informations. Germaine découvre parfois de nouveaux airs de classique. Perdue dans ses pensées musicales, elle laisse refroidir son bol de café posé tristement sur le napperon du dimanche. Qu’importe! Elle goûte le calme d’une rue vidée de ses voitures. Germaine aère sa chambre à coucher. Chouette! Pas de ménage aujourd’hui. Elle laissera sa couette toute la journée sur le rebord de la fenêtre. De loin, on a l’impression d’un balcon fleurie. Germaine fait minutieusement sa toilette et s’habille avec son tailleur clair. Chic! Elle adore être chic. Elle se parfume et vérifie son chignon avant de sortir. Aujourd’hui sa promenade sera différente, elle passera devant l’église qu’elle évite soigneusement tous les jours, pour se rendre à la Mairie. Germaine en rate jamais une élection même si elle ne comprend plus très bien la politique. Depuis plusieurs années, elle applique la même méthode: elle fixe intensément les photographies de chaque candidat ou candidate. Elle cherche celui ou celle qui lui paraît le plus franc et le plus honnête, quand elle n’arrive pas à se décider elle vote blanc. Devant la Mairie, elle a un petit coup de fatigue cette fois. Germaine s’assoie sur le banc et regarde passer les gens, les voitures, les oiseaux, les enfants et les nuages. C’est dimanche et pourtant tout semble si différent et soudain si pesant.

2/ 320 km/heure

Doucement plaqué contre le siège, je sens l’accélération. Le TGV Est fonce sans décoller. C’est mon premier voyage en train. Je devrais faire un voeu. C’est la première fois que je quitte l’Alsace. Je devrais faire un voeu. Je n’ai pas le coeur à faire des voeux. Je pars me soigner à la capitale. Mes yeux vivant s’imprègne des multiples reflets des paysages qui passent très vite, trop vite, comme la vie… Je découvre un ailleurs incertain, comme ma vie. Deux petits enfants sautent sur leur siège, cours dans les allés, dessinent trente seconde, avalent leursmarties et font une bise à leur père. Indifférents à la vitesse et à ce qui les entoure, les enfants sont tout à leur bouillonnement vital. Mon frère vit à Paris depuis qu’on s’est fâché après la guerre. On ne supportait pas de voir en l’autre notre propre lâcheté. Je ne sais pas quelle peur sera la plus forte, celle de son rejet, celle de mourir sans lui avoir parlé.

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