Photo du jour le 1er juillet 2012: les flammes de l’été

Même si l’hésitation n’est plus de mise, tout concoure à me faire regretter -un peu- de quitter Paris, les amis qui ne cessent de m’inviter à dîner, les rues qui deviennent vivables en cette période estivale, le coucher de soleil sur la tour Eiffel que je suis en train de dessiner, il y a aussi le sourire de cette jolie femme, mon appartement grand et pratique, les épiceries du quartier, mais je me sens piégé, pris dans la nasse de cette vie frénétique, grisante, enivrante malgré tout mes efforts je suis emporté par le futile, les tentations et les relations sociales si faciles, je n’arrive pas à finir mes projets de bandes-dessinées, et puis le présent est trop éprouvant, je n’arrive plus à trouver ce brin de légèreté pour supporter telle ou telle contrainte, je ne sais plus attraper ce grain de folie qui me fait aimer mon métier, qui me permet de créer toutes ces histoires, qui fait que je me sens exister, et quand respirer devient difficile, quand être soi-même devient un effort, quand se perdre dans le mensonge des autres nous guette, alors il faut partir, suivre les flammes de l’été, celles que j’ai esquissées au-dessus de la tour Eiffel.

d’après la photo du jour le 1er juillet 2012 par @petrichor218_gi sur Webstagram

Photo du jour le 22 juin 2012: il y a de l’amour dans l’air

cette photo est dans l’album de famille et elle me donne le vertige, je suis très mal à l’aise quand je la regarde, je reconnais les lieux, pas le couple, il y a pourtant de l’amour dans l’air, l’idylle est figée à jamais dans ce noir et blanc, l’amour est éternel mais fragile à la fois, il va peut-être la lâcher dans la seconde qui suit et prendra fin la belle image, elle va peut-être se dégager pour s’enfuir à la nage, tout est figé et mensonger à la fois, je suis très mal à l’aise, je ne reconnais pas le couple dans ces souvenirs de famille, je n’ai ni fille ni fils, des amis, de vagues connaissances, des inconnus pris à leur insu juste pour la beauté de l’image, ma femme et moi n’avons jamais réussis à vivre cette insouciance, il a fallu tout de suite prendre la vie au sérieux et être des adultes, le boulot et l’argent étaient les seules choses qui nous préoccupaient, nous vivions à 200 km/heure, la folle illusion que c’était cela la vie, que les enfants seraient des fardeaux, que les amis devaient être à la hauteur de nos ambitions et de notre standing, on fait le vide et les connaissances que nous avons maintenant sont superficielles, liées aux circonstances, chaque fois que nous changeons de villes et parfois de pays, c’est sans état d’âme que nous changeons aussi le cercle de nos amis, aujourd’hui ma femme est partie avec l’un de ces “amis” sans un mot et sans regret, je suis très mal à l’aise, et cette détonation dans mon coeur m’anéantit avec une telle intensité que je sens bien que je perds la tête, je suis très mal à l’aise, j’ai le vertige, je tombe, sans savoir si cela va s’arrêter

d’après la photo du jour le 22 juin 2012 par @lisabiasio sur Webstagram

Photo du jour le 16 juin 2012: prendre la pose

aujourd’hui j’hésite, il est là derrière moi à prendre sa photo, cette photo qu’il veut partager avec le monde entier en l’envoyant sur internet, il est là sur l’un des lieux les plus intimes de mon enfance, celui où j’ai appris à nager, celui des vacances insouciantes, celui où j’ai rêvé ce moment avec mon amoureux, l’un à coté de l’autre à regarder silencieusement passer les nuages, aujourd’hui je ne sais plus si je suis encore amoureuse, je prends la pose pour qu’il puisse crâner sur les réseaux sociaux, je fais aussi une pause dans ma tête, je suis là avec lui et pourtant je me sens si seule, je n’ai rien de particulier à lui reprocher, rien de grave, les broutilles du quotidien, je n’attends pas non plus les flammes de la passion, je n’ai plus d’illusion, aujourd’hui nous sommes loin l’un de l’autre, lui sur internet avec son smartphone, moi ici à repasser les moments de bonheur vécus auprès de ce lac, aujourd’hui j’hésite à continuer avec lui, qui est là derrière moi créant une fausse image du bonheur que des milliers de gens vont peut-être “aimer”.

d’après la photo du jour le 16 juin 2012 par @catherinedut sur Webstagram

Photo du jour le 09 juin 2012: je rêvais d’une autre vie

Je rêvais d’une autre vie, tous les dimanches en me promenant dans le musée du Louvre, je me rêvais une vie d’artistes faite de péripéties et de pérégrinations formidables, je rencontrais plein de gens et je séduisais les femmes, il me fallait changer d’époque parfois mais ce n’était pas si difficile, je rêvais d’une autre vie depuis tant d’année, c’était un petit viatique à ma solitude, il y avait tant d’histoires à se raconter que je n’étais jamais rassasié, en hiver il me fallait supporter le retour de nuit avec des rues presque vides, le rêve se brisait dans le crépuscule de la ville, mon appartement vide achevait le travail de sape… et puis, il y eu ce couple de japonais qui me demanda de les photographier, ils parlaient bien français, sans y penser, nous nous sommes retrouvés dans un restaurant, la soirée a été très chouette et depuis je ne me sens plus si seul, et j’irais peut-être un jour chez eux au Japon, chercher d’autres vies à rêver…

d’après la photo du jour le 09 juin 2012 par @nestelou sur Webstagram