cri du déclic

dentelle de glace
rythme craquant des espoirs
monde monochrome
sourde fissure
goutte après goutte
la folie fond et refuse
la pulpe givré prévient
l’horizon s’arrête au blanc
rites immobiles
négation des contrastes
blanc qui crie
déclic qui oublie
le crime, simple m entre le cri et e

d’après le photoblog take by fake, inspiré de l’image ice world macro

sur tes rides

notre histoire est inscrite sur tes rides
tu as voulu partir
ta silhouette hante mes yeux
obsession de ton visage sur mes vitres
je n’ai jamais pu croire à la tristesse de tes yeux
j’aurais dû
ta sensualité est gravée sur le relief de ta peau
jamais un soupir au-dessus de l’autre
juste ton corps qui frissonne silencieusement
et ta peau qui s’adoucit d’aise
mais ton immuable visage triste
j’aurais dû
dessiner ce sourire
qui nous a toujours manqué
donner une trace à la joie que tu cherchais
j’aurais dû

d’après le photoblog XoverIP – Vernon Trent, inspiré de la photo ...500

perdre son masque

grater l’image pour cacher
faire disparaître la vulgarité du réel
le trop plein d’évidence
chercher désespérement ce que l’on a ressenti
l’image est un masque à émotions
enlever couche après couche
faire rendre gorge la photo
lui faire transpirer le soupçon
derrière les poussières du papier
toucher de ses doigts un peu de sens
regarder et
perdre son masque

d’après le photoblog XoverIP – Vernon Trent, inspiré de la photo …seelengut

j’ai écris tant de mots

j’ai écris tant de mots sur tes mains
j’ai écris tant de mots sur ta bouche
j’ai écris tant de mots sur ton corps
que je ne sais plus la couleur de tes yeux
toutes mes histoires se superposent, se fondent et se mélangent
j’écris trop de récits, trop de romans, trop de poèmes,
pour être sûr que tu existe vraiment
si loin de mes doigts qui te cherchent jour après jour
il suffit d’un flash
une promenade en ville
un corps à corps
ton visage endormi
pour que le trouble menace

d’après le photoblog XoverIP – Vernon Trent, inspiré de la photo l.l.l.l.l.l.l |

papier d’amoureux

Les mots d’amour ne se ramassent pas
Ils brillent dans l’air
suspendu à nos espoirs
trop intimes pour s’écrire
ils s’éparpillent à tout vent
nous laissant un air de douceur
à écouter l’un contre l’autre
l’écho de leur froissement
en traversant le jardin
moment si gracieux
que nous oublions
le baiser tant attendu

d’après l’exposition virtuelle « La photographie humaniste » de la Bibliothèque Nationale de France, photo Amoureux traversant le jardin du Luxembourg (Paris, 1962)

l’attente

une vie de banc public,
attendre
les pénibles, les fourbes, les indifférents,
les rêveurs, les dragueurs, les galopins qui grimpent partout,
les nourrices à poussettes, les amoureux qui s’embrassent toujours

une vie de banc public
entendre
les soupirs, les hurlements, les déclarations,
les pleurs, les banalités, les slurps,
le brouhaha grave ou le silence heureux

une vie de banc public
supporter
les grands, les frénétiques, les demi-fesses,
les faux-maigres, les envahissants, les sédentaires
les anorexiques, les vrais gros et les demi-portions

une vie de banc public
n’être jamais seul
même quand le parc est vide
car certaines âmes sont assises pour toujours
et le matin, vous pouvez les voir briller
elles frémissent de nouvelles rencontres
elles nous murmurent de jolis contes inconnus
elles nous chantent la nostalgie des corps

d’après le photoblog chambrenoire, la photo The wait

vitrine de noël

C’est sa faute
le père Noël qui n’existe plus,
elle m’a pétrifié de ses yeux
sa robe verte comme un linceul végétal voulait nous engloutir
nounours et moi
son corps brillant nous hypnotisait
cette sensualité morbide cherchant à survivre
devint une image obsédante
luttant contre l’engloutissement
ma main se heurte indéfiniment sur la vitrine
impossible caresse
qui me fait marcher toutes les nuits dans les rues saturées de fantômes
j’ai perdu mon nounours
j’ai perdu mon rire
j’ai perdu mon avenir

d’après la photo vitrine de noël du photoblog troisièmeoeil

voyageurs

corps qui s’effacent
ni tout à fait ici, ni tout à fait ailleurs,
êtres reflets
aimeraient déjà avoir disparu
parti ou revenu
aimeraient tellement savoir
pas assez léger pour s’envoler
pas assez lourd pour se toucher
aimeraient fuir la folie du jour
trop nombreux pour le rire
pas assez pour la panique
aimeraient ne pas choisir
êtres voyageurs
corps qui n’attend plus
enfin au-delà

d’après arrivée aéroport cdg du photoblog troisieme oeil

Les yeux acides

L’acide a brûlé ce paysage
Dans chaque trait, il reste à peine
le reflet d’une ombre disparue
L’image a meurtri le métal
Dans chaque brûlure, il reste à peine
le reflet d’un souvenir

Le lointain s’efface
la brume gomme la vie
Elle oublie les hommes
L’usine se moque des champs
chaque fumée aspire les fragiles brins d’herbe
le paysage se dilue

mes yeux ont brûlé sous l’action de la pollution
mais il reste chaque fibre de mes mains
pour tracer dans la matière
les images qui disparaissent peu à peu
et les bruits s’amenuisent autour sans que je sache
si je n’entends plus ou si je suis seul.

d’après Le Monde expire… du photoblog chambrenoire

vague à l’âme

ma peau est une écorce translucide
fragile comme un nuage
qui refuse toute lumière
son coeur noir soupire
il y a toujours de l’espoir
sa solitude blanche est une vague
qui n’attend plus rien
le gris s’effilochera
déchiré par les branches humaines
respirer encore
à plein tonnerre
l’épaisseur du monde.

d’après la photo Waves of cloud du photoblog chambre noire