Photo du 16 mars 2012

on m’appelait le voltigeur, j’aimais les toits et m’élancer en équilibre au-dessus du vide, le vertige me grisait et je m’amusais même à danser sous l’oeil curieux et inquiet des passants, l’été je dormais sur les pentes de mon propre toit, entre deux rêves je profitais du passage de la lune, j’admirais le couché et le levé du soleil, je respirais l’ambiance de la ville qui s’apaisait puis se réveillait plus ou mois énervée, j’étais un tagger du dimanche mais tout le monde aimait mes délires psychédéliques, je vivais de petits boulots de monte-en-l’air et de mon potager, la vie est devenue encore plus douce quand elle est arrivée, elle m’a d’abord apprivoisé avec son appareil photo, puis nous avons beaucoup contemplé ensemble les toits de la ville, et maintenant que nous vivons dans une petite maison toute simple, nous regardons sans nostalgie les photos du voltigeur avec nos enfants funambules

d’après une photo de @t_fish, la photo du jour le 16 mars 2012 sur Webstagram

théâtre du sommeil

Il y a de drôle de fin de journée, dans un état au-delà de la fatigue et jamais loin du rêve, impressions d’errer à l’intérieur de soi et qu’en écho maladif le décor se brouille de nouvelles images qui font peur ou qui rendent euphoriques, même sans boire on se sent ivre d’un ailleurs impossible et qui pourtant vient à nous, on aimerait se fondre dans le paysage, devenir une autre, et soudain tout percute et l’angoisse prend le dessus, t’embrasser en catimini dans l’oreille et s’enfuir pour garder ce goût de toi et cette image d’ailleurs

inspiré du photoblog Wingsofflo, d’après la photo théâtre pour fin de journée carousel au sommeil

il faut toujours faire une échappée

Il faut toujours faire une échappée pendant des moments de bonheur intense, fermer les yeux, écouter la musique de la rue, regarder le ciel, on pourrait alors se croire en harmonie avec le monde, on a envie que tout ce qui nous entoure soit dans le même état d’extase que soi, beau comme un couché de soleil rose, léger comme une plume de nuage, virevoltant comme l’air qui brasse autour, et soudain quand on se prend l’indifférence en plein coeur, le froid glace le corps et alors il ne reste plus qu’à espérer s’envoler loin avec la première meute d’oiseaux qui passe par là…

inspiré du photoblog Wingsofflo, d’après la photo ça piaille, ça brasse l’air froid avec l’air

comme une âme chiffonnée

ce matin des fleurs de mots ont éclos du papier, j’étais jusque là à peine plus qu’un reflet, j’avais la fâcheuse impression d’être égarée dans le monde, comme un âme chiffonnée qui attendait le rebut, je m’étais réveillée plus par habitude que par envie de vivre, j’avais bien remarqué dehors quelques belles et inattendues couleurs mais je l’avais attribué à mon état de demi-sommeil, je m’étais évadée quelques minutes dans un des nombreux livres commencés mais jamais finis qui traînait dans mon appartement et le carillon léger de la boite aux lettres m’avais sorti de mon état d’abandon dans les mots, et puis soudain cet envoi postal rayonnant d’amour par sa profusion de chatoyante, puis soudain ces fleurs jaillissant de l’enveloppe, puis soudain ces mots d’une tendresse joyeuse, ont fait s’évaporer dans un déclic toutes les inquiétudes agrippées à mon coeur.

d’après le blog Wingsofflo, inspiré du billet … déjà, il avait sonné si fort qu’elle en était…

Photo du 10 mars 2012 (Remember Fukushima)

Ma vie n’est qu’attente, j’aime méditer où que je sois, il me suffit d’un peu de silence et d’un beau paysage, je m’assoie et je ne pense plus à rien, c’est une parenthèse, un moment à moi, je rêve, je réfléchis, je me laisse aller à mes états d’âme, sans risque d’une remarque, d’un jugement, d’une compassion maladroite, je m’identifie au grain de sable qui voyage dans le désert ou à la plume qui se détache d’un oiseau, ces instants peuvent être violents quand je prends soudain conscience de quelque chose ou quand je me rappelle d’un disparu, ces derniers jours je pense au Japon, à Fukushima, le sentiment d’absurdité et de néant est encore plus intense, alors ce matin en hommage à tous ces prisonniers du rien, à tous ceux qui affrontent là-bas une menace invisible, j’ai gonflé ces ballons pour les lâcher et ainsi apaiser un peu leurs douleurs.

d’après la photo de @zenography, photo du jour le 10 mars 2012 sur Webstagram

en manque de mots

j’avais trop à dire, manquer d’air, les mots se bousculaient ou me manquaient, je n’arrivais pas à faire de photos non plus, tous ces petits riens émouvant qui se cachent sous le flou de mes larmes, quand les mots doux sont inutiles, il me reste à essayer de respirer en suivant les lignes de fuite portées par les arbres, il y a trop de reflets douloureux que j’aimerais oublier, tant d’impossibles à dire que j’efface les photos de l’appareil numérique, les mots écrits sur l’écran de mon ordinateur, ma voix devient trop faible pour être entendue, manque d’air

d’après le billet Rien du blog paumée de Brigetoun

errance d’un mot

Sur fond de musiques absurdes, je me suis perdu dans les rues à la recherche d’un mot, je croyais l’avoir sur le bout de la langue mais en fait il était dans les airs, il s’enfuyait et se posait deci delà, sur les épices ou dans l’herbe ou au bord de l’eau, le fragile avait une prédilection pour les matières instables et vulgaires, invisible mais puissant à la fois, je me sentais comme en chantier suivant ce mot et les lignes de fuite sur ce mur blanc, je n’errais pas vraiment, j’étais là au hasard et j’avais une terrible envie de crier, de mettre à distance toute cette souffrance que je voyais au loin mais qui blessait le paysage.

d’après le blog paumée de Brigetoun, inspiré d’un billet Recycler errance d’un mot

Photo du jour 3 mars 2012

Je l’ai su dès le matin en regardant le ciel, la journée serait magique, j’aimais aller au Pike Market plus qu’aux autres marchés que nous faisions dans la semaine, mais là je savais qu’il y aurait quelque chose de plus, il y avait de la magie dans l’air, l’ambiance était joyeuse quand nous avons monté notre stand, les plaisanteries fusaient, la petite troupe de cirque est arrivée et cela a achevé de faire monter la frénésie parmi les vendeurs, grâce à eux on vendait plus, cela ne manquait jamais, le ciel bleu limpide se peignait de quelques touches blanches qui le rendait plus humain, la magie était presque là, les clients arrivaient et les affaires ont commencé, le jongleur a fait un premier tour tout en annonçant un nouveau numéro, une fil-de-fériste, ses comparses tendaient d’ailleurs le fil de part en part du marché, la curiosité était attisée, les clients étaient excités et se promenaient avec allégresse, les ventes étaient plus que bonnes, l’insouciance estivale avait gagné tout le monde, les longues traînées blanches donnaient un sentiment de paix au ciel bleu, l’attente était à son comble quand elle est apparue dans son costume étoilé et très échancré, si belle que tout le marché à retenu son souffle quelques secondes, je la reconnaissais et c’était incroyable, puis elle est montée sur le fil, la magie était là, comme un ange étoilée elle a survolé le marché, les applaudissements ont duré pendant que les gens reprenaient leur respiration, puis les affaires ont repris leur cours dans une atmosphère féerique, comme s’il fallait rattraper quelque chose, quant à moi, l’ange avait envahit mon esprit, c’était la promesse de son sourire juste avant de disparaître, la magie allait continuer

d’après la photo de @bemagical, photo du jour le 3 mars 2012 sur Webstagram

froissement heureux au coeur du monde

J’avais rendez-vous avec sa musique, quand je passais le piano vibrait par delà les fenêtres, on aurait dit que les notes cherchaient à sortir, je m’arrêtais devant cet immeuble sans personnalité et j’écoutais, parfois j’arrivais à entendre tout un morceau et je repartais, d’autre fois je saisissais au vol un passage mais je ne pouvais m’attarder, je vivais régulièrement des moments magiques où les nuages, les passants, le mouvement des arbres, le bruit d’une voiture qui démarre, n’importe quoi, entraient en résonance avec la musique, alors je souriais à cette harmonie, ce froissement heureux au coeur de monde, tout commençait à prendre du sens et quand je partais la mélodie persistait longtemps et me quittait parfois juste au moment du sommeil, je me laissais griser par la promesse des sons.

d’après le billet N’importe quoi du blog paumée, divagations de Brigetoun