sourire au frôlement du chat

Si le monde s’écroule un jour
faites que cela soit après l’éclosion du dernier crocus
de ces petites joies invisibles qui surgissent soudain
à force de cultiver notre jardin de d’amours et de désirs
d’être ensemble à regarder tomber les feuilles d’automne
à aimer le vent dans nos cheveux, à sourire au frôlement du chat
juste s’embrasser dans la douceur d’une nuit d’été
et jeter aux orties tout ce qui nous encombre le cœur et l’esprit
ne tenir qu’à la caresse du lendemain qui chante
définitivement refuser de posséder sans fin
juste avoir de l’eau et des fruits
et ne rien regretter de tous les possibles inutiles

qu’ont-ils fait de nos rêves ?

(Hochstatt ; Rêves n° 34 , 28 septembre 2020)

Tes pas sur la neige

Quand s’efface le ciel
les mots voudraient décrire cette beauté
mais la parole saurait-elle si bien dire
Que reste-t-il de tes pas sur la neige ?

(Hochstatt ; Journal des mots, 25 janvier 2021)

Rêve pour la liberté…

Pour la liberté, la marche est légère
refuser toute censure,
rire de tout contre les esprits chagrins
et oui blasphémer quand cela nous chante
seul contre tous, oser tout dire
quand l’injustice, l’absurde ou la violence
s’approche insidieusement pour gangrener nos âmes
nous sommes tous les sauvageons ou les idiots de l’autre
écœurante cette tentation de rayer à grand trait rouge le mot de fraternité
de s’arranger avec la liberté
de clamer l’égalité pour cacher son propre enrichissement

qu’ont-ils fait de nos rêves ?

(Rêves 33)

et le monde se déroba sous nos pieds

Un travail joyeux
plus de temps pour soi, pour sa famille, ses amis
la solidarité heureuse
promesse d’une festive insouciance de tous les instants
ne jamais manquer de rien
attendre avec sourire le lendemain 
forcément meilleur
et la chute du mur de Berlin
sonna comme la symphonie parfaite
la charge de la preuve
mais l’appât du gain gangrénait en sourdine
quand la crise fût venue
elle trouva l’espoir fort dépourvu 
et le monde meilleur se déroba sous nos pieds

qu’ont-ils fait de nos rêves ?
(rêve 24)

l’élan des mots en trop

Mon amnésie brise à nouveau
l’élan des mots en trop
la parole respire sous l’eau
cet air de renouveau.

(Journal des mots 8 mai 2020)