Photo du jour le 1er juillet 2012: les flammes de l’été

Même si l’hésitation n’est plus de mise, tout concoure à me faire regretter -un peu- de quitter Paris, les amis qui ne cessent de m’inviter à dîner, les rues qui deviennent vivables en cette période estivale, le coucher de soleil sur la tour Eiffel que je suis en train de dessiner, il y a aussi le sourire de cette jolie femme, mon appartement grand et pratique, les épiceries du quartier, mais je me sens piégé, pris dans la nasse de cette vie frénétique, grisante, enivrante malgré tout mes efforts je suis emporté par le futile, les tentations et les relations sociales si faciles, je n’arrive pas à finir mes projets de bandes-dessinées, et puis le présent est trop éprouvant, je n’arrive plus à trouver ce brin de légèreté pour supporter telle ou telle contrainte, je ne sais plus attraper ce grain de folie qui me fait aimer mon métier, qui me permet de créer toutes ces histoires, qui fait que je me sens exister, et quand respirer devient difficile, quand être soi-même devient un effort, quand se perdre dans le mensonge des autres nous guette, alors il faut partir, suivre les flammes de l’été, celles que j’ai esquissées au-dessus de la tour Eiffel.

d’après la photo du jour le 1er juillet 2012 par @petrichor218_gi sur Webstagram

Photo du jour le 09 juin 2012: je rêvais d’une autre vie

Je rêvais d’une autre vie, tous les dimanches en me promenant dans le musée du Louvre, je me rêvais une vie d’artistes faite de péripéties et de pérégrinations formidables, je rencontrais plein de gens et je séduisais les femmes, il me fallait changer d’époque parfois mais ce n’était pas si difficile, je rêvais d’une autre vie depuis tant d’année, c’était un petit viatique à ma solitude, il y avait tant d’histoires à se raconter que je n’étais jamais rassasié, en hiver il me fallait supporter le retour de nuit avec des rues presque vides, le rêve se brisait dans le crépuscule de la ville, mon appartement vide achevait le travail de sape… et puis, il y eu ce couple de japonais qui me demanda de les photographier, ils parlaient bien français, sans y penser, nous nous sommes retrouvés dans un restaurant, la soirée a été très chouette et depuis je ne me sens plus si seul, et j’irais peut-être un jour chez eux au Japon, chercher d’autres vies à rêver…

d’après la photo du jour le 09 juin 2012 par @nestelou sur Webstagram

Photo du 3 février 2012

je l’ai attendu, elle a fini par arriver cette satanée neige, ces derniers temps le ciel était lourd de belles promesses mais rien n’y faisait, les nuages s’éloignaient et je redevenais triste, irritable, j’avais pris ma décision à l’automne de venir m’installer définitivement à la montagne, je voulais en finir avec la ville et ses passages incessants du désir, j’ai tout liquidé y compris ma solitude, je me sentais léger dans ce chalet, au début j’étais joyeux et l’attente ne comptait pour rien, tout était réglé dans ma tête, je me délectais du paysage, je me fatiguais avec de longues randonnées, je dormais tout mon saoul, je m’enivrais du vent et du froid, je vivais avec une rare intensité, la neige et la fin de l’histoire n’allaient plus tarder, et puis l’hiver a été particulièrement clément et l’attente devenait étouffante, je n’en pouvais plus, moi qui avait prévu de mourir avant Noël, tous mes plans étaient chamboulés, insomnie et aboulie m’ont gagné, j’ai dû faire bonne figure lors du passage des gardes forestiers, après leur passage tout me fatiguait, je ne voulais plus sortir, je mangeais à peine, je cassais et sciais sans cesse des bûches, je tournais en rond et je détestais ces nuages qui ne faisaient que traverser mon horizon, jusqu’à hier… maintenant la paix blanche est venue, je suis heureux, j’admire la mer de lumière devant mes yeux, je fais durer encore un tout petit peu et je vais sortir pour une ultime danse.

d’après la photo du jour 3 février 2012 de @serdar_g sur Webstagram