Photo du 10 mars 2012 (Remember Fukushima)

Ma vie n’est qu’attente, j’aime méditer où que je sois, il me suffit d’un peu de silence et d’un beau paysage, je m’assoie et je ne pense plus à rien, c’est une parenthèse, un moment à moi, je rêve, je réfléchis, je me laisse aller à mes états d’âme, sans risque d’une remarque, d’un jugement, d’une compassion maladroite, je m’identifie au grain de sable qui voyage dans le désert ou à la plume qui se détache d’un oiseau, ces instants peuvent être violents quand je prends soudain conscience de quelque chose ou quand je me rappelle d’un disparu, ces derniers jours je pense au Japon, à Fukushima, le sentiment d’absurdité et de néant est encore plus intense, alors ce matin en hommage à tous ces prisonniers du rien, à tous ceux qui affrontent là-bas une menace invisible, j’ai gonflé ces ballons pour les lâcher et ainsi apaiser un peu leurs douleurs.

d’après la photo de @zenography, photo du jour le 10 mars 2012 sur Webstagram

Photo du 20 janvier 2012

j’en ai pleuré, comme un gamin, quand je me suis posé sur ce bâteau, tout ce monde autour et la houle, légère comme une main qui berce, la gorge d’abord nouée je regardais autour de moi, premier jour en plein air depuis des lustres, je ne me souvenais plus du vent, du soleil et de la densité de l’air, les gens ne me regardaient pas comme un malade, avec ce mélange de compassion et de peur de la mort, certains me souriaient, je sentais une joie désespérée m’envahir et les larmes sont venues d’un coup quand j’ai vu ces ballons accrochés au bastingage, ce fut un moment de grâce, comme on en connaît peu dans sa vie, une épiphanie, et j’ai pleuré, comme un gamin, pendant quelques instants j’avais même du mal à respirer, mais il y avait de la joie dans ces spasmes, une plaisir à capturer l’air à plein poumon, ce fut la première photo de mes premiers pas hors de l’hôpital.

Photo du jour du 20 janvier 2012 par @gozdekenter sur web.stagram