Petits papiers

Petits papiers sur un mur en bois

C’est notre secret. Ces mots doux. Ces mots fous. Ces mots tendres. Notre amour est impossible et pourtant, il brille dans nos yeux chaque fois qu’on se croise. Alors, on s’échange ces mots tendres dans cet endroit secret. Je ne sais plus qui a eu l’idée mais c’était plus sûr que les lettres qui tombent quand on se croise. C’est un vrai défi de trouver sur quoi écrire puis ensuite de s’isoler pour faire quelques phrases. Les mots d’amour d’abord, fulgurants et simples. Quelques notes du quotidien, cette survie sans l’autre. Des confessions parfois, sur soi et sur son histoire d’avant la rencontre. Des rêves, plus rarement, sur l’aujourd’hui ou sur demain. De la peur bien sûr, que tout cela finisse d’une manière ou d’une autre. Ces mots éparpillés sur cette cabane en bois, c’est notre histoire, éphémère peut-être mais si vitale.

(texte sur carte postale)

les mots sont en cendres

Dans ce paysage abstrait
les mots sont en cendres
et pourtant mon coeur n’a pas brulé
quand tu as frôlé mes phrases de tes yeux.

(journal des mots n° 115 / 22 août 2012)

Photo du 23 septembre 2012: le funambule

Le Funambule

Il me fallait ce moment de légèreté, impérativement, le seul de la semaine, la plage, la mer, le sable sous les pieds, le vent sur le torse, l’apaisement de la nage, tout cela ne suffisait pas à oublier, un quotidien vide de sensations, depuis longtemps je voulais m’élever sur un fil pour me sentir léger et tromper l’ombre des jours malheureux, j’ai appris grâce à un circassien de passage, il a dit être épaté par ma volonté d’apprendre et par la rapidité avec laquelle j’avais saisis l’essentiel, une fois parti j’avais persévéré et me voici maintenant suffisamment à l’aise pour rester plusieurs minutes au-dessus du sol, être funambule, et là, je ne pense plus à rien, je me sens souffle d’air, je m’absente du monde, je le regarde avec un tel détachement que j’ai l’impression de ne plus en faire partir, je suis léger et hors du temps pendant ces quelques pas au-dessus du vide, je m’imagine grain de sable qui s’envole et disparaît.

 

la peau des mots

Arracher de son corps
la peau des mots
la mue est douloureuse
dans la nuit de papier.

(journal des mots n°113 / 5 août )

 

 

prendre des mots pour griffer

prendre des mots pour griffer
la page blanche, celle qui sourit à notre désarroi
y froisser la poésie qu’elle n’oubliera jamais
et l’abandonner aux milieux de ses habits de nuit.

(journal des mots n°112 / 4 août 2012)