Plage en vie

Une pluie de mots bouscule mon corps plus sûrement que cet orage qui ne vient pas, trop immobile dans ma chaise, j’enrage d’être immobilisé, condamné à ne plus bouger, j’enrage d’être muet, condamné à ne plus parler, mais j’entends tout, vraiment tout, ce trop plein de sons, de phrases et d’infimes vibrations, me rend fou, alors j’aimerais me vaporiser en nuages noirs qui cribleraient les gens et les objets, tous si plein de vacuité, j’enrage de pouvoir, à peine, difficilement, poser mot après mot, ce qui transperce mon coeur, laissant mon corps perdu dans ces sensations et si avide de comprendre.

d’après le photoblog de Matt Logue, inspiré de la photo El Segundo, CA

L. imagine le quotidien

Louise imagine    le quotidien
ces petits rien
pour une nuit
le miroir s’embue
impossible de se savoir si belle
Louise imagine    le quotidien
photos qui classent
les détails
ces petits PAST(s)
juste une chaise cachée
qu’on cherche
à situer
alors que la tapisserie ne fait pas rêver
Louise imagine

d’après le blog PAST(s), inspiré des photos de la page1 et page2

Fêlure

Chaque accent à sa fêlure que la poésie déguise en beauté.

Juste un envol

Il était une fois
juste un envol
une nostalgie légère
lumière voilée
     ce n’est pas l’instant magique
celui des encore
ressac incessant
un ange  s’absente
la note n’est pas juste
manège cacophonique
en noir et blanc

d’après PAST(s), inspiré de la page6

En transit

quelque part
cet entre-deux
ailleurs
se perdre
ne plus trouver     son ombre

ailleurs
être     trop près
so close    comme cela
entre deux, ne pas descendre
un décalage infime
et les corps sont perdus
ailleurs
ne plus
décalage horaire
  you should be there
comment y croire?
Plus loin encore
    sans être ailleurs

d’après PAST(s)  , inspiré de la page 4

Somme d’oublis

Les mouvements sont trop infimes pour retrouver le fil de ces rêves, j’ai tout oublié y compris où je suis, la fatigue me pèse tant et tant que je ne cherche plus à me lever, j’ajoute heure après heure du flou dans ma tête, joyeuses amnésies vers cette évanescence qui me rend un semblant de paix,

parfois j’ai la douce sensation de disparaître, léger comme un souffle de couette

d’après les photos de Claire Sloan, inspiré de la série sleep for days

Epine d’hiver

Epine d’hiver
plantée dans l’air
n’est qu’une fragile défense
contre les mots d’enfance
que le soleil murmure avec douceur
à la branche crispée de douleur
avec ces joyeuses histoires
qui lui redonne espoir
pour bourgeonner de rire demain

d’après le photoblog d’un instant à l’autre, inspiré de la photo Epines d’hiver