Tracé en rouge – 1

Traces tracer dans la boue traces de ma jambe fatiguée je tourne rond tracer un rond presque fermé je regarde ces traces fermées pas d’horizon la clôture serre mes yeux plus aucunes traces d’elle impossible de s’envoler enfermé dans ce rond la boue ralentit pèse mes yeux fatiguent savoir où aller avancer sans savoir où au hasard guetter la moindre trace je fuis elle est partie enfuie au-delà de mes yeux ne plus voir j’ai peur de ne plus voir connaître sans voir les traces fermées laissées croire que revenir en arrière rebrousser chemin suivre les traces croire que c’est possible d’effacer son chemin suivre les traces différentes avoir un chemin dans sa tête au loin devant vide de tous mouvements pas de traces pas d’elle la boue m’attire je tombe elle m’embrasse je repousse les mains pleines de boue debout à tâtons elle est loin si proche pourquoi je voudrais voudrais encore la voir encore près de moi essuyer enfin mes larmes dans son corps essuyer mes peurs encore être pour toujours avec être pour toujours violon d’âmes pluie si proche de nos promesses toutes ses promesses fuir avec elle elle a eu peur elle a dit non elle a dit non je ne peux pas tout dire pourquoi ne plus parler sans savoir que la boue me ralentit jusqu’à toi tu crois toi être loin mais tu es vue je te vois tu ne me fais plus peur c’est toi amour tu as peur de ton amour

Reflet d’un avant

C’était un soir de masques et de fureurs
Déjà la pièce avait commencée dans ma tête
Bientôt mon corps allait tremblé
Juste avant d’entrer
Jouer avec soi, un autre malheur,
sentir l’émotion surgir de la salle
enfin libre
de choisir à qui ressembler

d’après le photoblog d‘Ilan Bresler, inspiré de la photo Reflections

Ce pourrait être n’importe qui

C’était avant, la soirée s’annonçait belle, il faisait doux, le barbecue préparait de la bonne viande, je regardais les gens se servir au buffet, j’étais bien, pour une fois j’étais bien, je ne sentais aucune angoisse, toute crise d’asthme semblait improbable, je participais avec avidité aux conversations, c’était avant, aujourd’hui je regarde cette photo qui me parait si étrangère à moi-même, ce pourrait être n’importe quelle famille ou soirée entre amis, et pourtant il semble que j’y étais, c’est moi qui aurait pris la photo, il semble, c’était avant, je ne sais pas ce qui s’est passé, on ne me dit rien, on veut me préserver, on me dit juste « c’était avant », je ne me souvient de rien, je sais juste que j’aimerais y être à nouveau, j’aimerais à nouveau pouvoir être n’importe qui.

d’après le photoblog d’Ilan Bresler, inspiré de la photo Almost Everyone

L’écouteur

Je suis fou
J’écoute aux portes, dans la rue, dans les parcs
dans les musées, dans les musées, chez les gens
C’est pas si facile
d’entendre tout ce qui se dit
le banal est ennuyeux
les ragots pas toujours croustillants
Les compliments souvent calculés
Les mondanités trop mielleuses
Les murmures plus intrigants
ils disent les secrets, les vacheries, les mots doux
Les déclamations trop attendues
elles blablatent, parlent faux ou injurient
j’exclue les cris d’amour si émoustillants
j’aimerais tout retenir, me souvenir, être dépositaire
de tous ces paradoxes
mais il en a trop
c’est si contradictoire
si impossible à comprendre
je suis fou, oui,
de ces impossibilités
le bonheur est à portée de mots
mais ils n’osent pas.

d’après le photoblog d’Ilan Bresler, inspiré de la photo Listener

Tache indélébile

Les émotions contradictoires se dispersent peu à peu
J’efface un à un les couleurs du paysage
la raison
Ne plus souffrir
partir se baigner dans ce monochrome médicamenteux
se dissoudre dans l’eau
l’oubli
quand soudain
surgit cette tache indélébile.

d’après le photoblog d‘Ilan Bresler, inspiré de la photo Red

la photographie est un lambeau de peau arraché à la réalité

la photographie est un lambeau de peau arraché à la réalité, la douleur étrange de ce qui devient pour un temps au moins, éternel
la photographie nous regarde autant qu’on la regarde, immatérielle immortalité qui se moque de notre vieillissement, qui nous console de l’absence mais qui ne sait pas souffrir
la photographie suspend le voyage de la lumière, juste en équilibre avant le fondu au noir et le découpage silencieux de la focale
la photographie cherche à faire danser les regrets dans notre gorge, jusqu’aux larmes
la photographie peut nous émerveiller avec ses couleurs autour de nos sourires mais elle ne peut jamais nous tuer
la photographie dépose nos souvenirs ailleurs mais l’image nous envahit jusqu’à la folie
tous les instants deviennent des images impossibles à effacer. Toujours visibles. A jamais.
la photographie n’est qu’un voile blanc derrière ce que l’on ressent.

Où est passé la joie?

Sur ces lambeaux de mur
mon enfance se lézarde
finis le délire des parties de cache-cache
ailleurs les petits plats de maman n’ont pas la même saveur
ne plus pouvoir chanter à tue-tête du rock débile
avoir peur quand la maison est vide
où est l’insouciance à ouvrir les volets?

L’absence à tout démolit
y compris mes souvenirs.

d’après le photoblog Life through a Lens Stu’s blog, insipiré de la photo untitled du 16 oct. 2008