ma vie est un décor

le rêve est trop précis, éléments éparpillés dans un plateau de cinéma, ma vie tangue, je cherche le faux du vrai, s’enivrer de films, il paraît que j’ai fait des décors, il paraît que je fais de la figuration, il paraît que j’ai perdu la mémoire, je marche au milieu de ces décors, n’y reconnaissant rien de moi, ma vie est un décor, vide et factice, est-ce qu’il y a de vrais maisons quelque part? mon ombre n’existe que dans ce monde artificiel, au-delà des projecteurs je suis un ectoplasme, je cherche mon corps, l’autre jour j’ai tellement ri que la pluie s’est arrêtée, encore une facétie du machiniste, est-ce qu’on se réveille un jour de n’avoir pas vécu?

d’après le photoblog Mystery Me, inspiré de la photo Atonement

être quelque part

être quelque part sans question ni angoisse, être quelqu’un pour quelqu’un, se poser pour exister, ne plus être un objet plus ou moins utile mais être regarder pour soi, être une couleur pour le passant triste, entendre ses mots d’exclamation, ne plus être une poussière de vie mais un grain de sable qui fait énerve, qui fait voyager, qui habille d’exotisme, trouver son panache et tenir en respect lesindifférents

d’après le photoblog Mystery Me, inspiré de la photo Conservatives lose seat in Blackpool

corps rouillé

la paix s’est posée devant ces ruines, il n’y a plus de fatigue, souvenir abstrait du passé, mon corps ne cherche plus d’énergie, rouiller comme un mauvais morceau de métal, un calme vert de gris coule dans mes veines, dans cette ambiance sépia, les ruines sont plus vivantes que moi, la terre brille de mille forces sombres, fossiliser ici un jour et devenir un rêve de photographe.

d’après le photoblog Mystery Me, inspiré de la photo Black Nab

sur tes rides

notre histoire est inscrite sur tes rides
tu as voulu partir
ta silhouette hante mes yeux
obsession de ton visage sur mes vitres
je n’ai jamais pu croire à la tristesse de tes yeux
j’aurais dû
ta sensualité est gravée sur le relief de ta peau
jamais un soupir au-dessus de l’autre
juste ton corps qui frissonne silencieusement
et ta peau qui s’adoucit d’aise
mais ton immuable visage triste
j’aurais dû
dessiner ce sourire
qui nous a toujours manqué
donner une trace à la joie que tu cherchais
j’aurais dû

d’après le photoblog XoverIP – Vernon Trent, inspiré de la photo ...500

perdre son masque

grater l’image pour cacher
faire disparaître la vulgarité du réel
le trop plein d’évidence
chercher désespérement ce que l’on a ressenti
l’image est un masque à émotions
enlever couche après couche
faire rendre gorge la photo
lui faire transpirer le soupçon
derrière les poussières du papier
toucher de ses doigts un peu de sens
regarder et
perdre son masque

d’après le photoblog XoverIP – Vernon Trent, inspiré de la photo …seelengut

j’ai écris tant de mots

j’ai écris tant de mots sur tes mains
j’ai écris tant de mots sur ta bouche
j’ai écris tant de mots sur ton corps
que je ne sais plus la couleur de tes yeux
toutes mes histoires se superposent, se fondent et se mélangent
j’écris trop de récits, trop de romans, trop de poèmes,
pour être sûr que tu existe vraiment
si loin de mes doigts qui te cherchent jour après jour
il suffit d’un flash
une promenade en ville
un corps à corps
ton visage endormi
pour que le trouble menace

d’après le photoblog XoverIP – Vernon Trent, inspiré de la photo l.l.l.l.l.l.l |

insomnie

trop de tristesses, trop d’angoisses, trop de questions, la nuit triture les images dans ma tête, imprécises et sombres, les monstres malaxent des ondes bizarres, oublier, pouvoir oublier , fuir et savoir fuir, ces photos, ces gens, ces cris, ces traits lumineux cassent mes yeux, ma tête, mon sommeil, des rayures surgissent au contour de mon champs de vision, toujours au mauvais moment, quand enfin mon cerveau prêt à sombrer dans le meurtre, s’immobilisait, au bord de l’évanouissement

d’après le photoblog XoverIP – Vernon Trent, photo insomnia

papier d’amoureux

Les mots d’amour ne se ramassent pas
Ils brillent dans l’air
suspendu à nos espoirs
trop intimes pour s’écrire
ils s’éparpillent à tout vent
nous laissant un air de douceur
à écouter l’un contre l’autre
l’écho de leur froissement
en traversant le jardin
moment si gracieux
que nous oublions
le baiser tant attendu

d’après l’exposition virtuelle « La photographie humaniste » de la Bibliothèque Nationale de France, photo Amoureux traversant le jardin du Luxembourg (Paris, 1962)

l’attente

une vie de banc public,
attendre
les pénibles, les fourbes, les indifférents,
les rêveurs, les dragueurs, les galopins qui grimpent partout,
les nourrices à poussettes, les amoureux qui s’embrassent toujours

une vie de banc public
entendre
les soupirs, les hurlements, les déclarations,
les pleurs, les banalités, les slurps,
le brouhaha grave ou le silence heureux

une vie de banc public
supporter
les grands, les frénétiques, les demi-fesses,
les faux-maigres, les envahissants, les sédentaires
les anorexiques, les vrais gros et les demi-portions

une vie de banc public
n’être jamais seul
même quand le parc est vide
car certaines âmes sont assises pour toujours
et le matin, vous pouvez les voir briller
elles frémissent de nouvelles rencontres
elles nous murmurent de jolis contes inconnus
elles nous chantent la nostalgie des corps

d’après le photoblog chambrenoire, la photo The wait

vitrine de noël

C’est sa faute
le père Noël qui n’existe plus,
elle m’a pétrifié de ses yeux
sa robe verte comme un linceul végétal voulait nous engloutir
nounours et moi
son corps brillant nous hypnotisait
cette sensualité morbide cherchant à survivre
devint une image obsédante
luttant contre l’engloutissement
ma main se heurte indéfiniment sur la vitrine
impossible caresse
qui me fait marcher toutes les nuits dans les rues saturées de fantômes
j’ai perdu mon nounours
j’ai perdu mon rire
j’ai perdu mon avenir

d’après la photo vitrine de noël du photoblog troisièmeoeil