Téléchargement ou streaming, quelle offre en ligne pour les bibliothèques

Face à la réduction annoncée de la production de compacts disques musicaux, les bibliothèques ou médiathèques doivent se préparer à proposer une offre musicale en ligne.

Il est temps de cesser de considérer internet comme une concurrence aux bibliothèques. Beaucoup de collègues étrangers, pas seulement les anglo-saxons, ont investis le web comme l’une des composantes des services aux usagers. Proposer des ressources en ligne fait partie intégrante des missions d’une bibliothèque sinon c’est accepter ici plus qu’ailleurs que seul peut régner une offre commerciale ou le magma, certes riches, d’une offre illégale. Les six hypothèses évoquées ici par Dominique Lahary posent de manière lumineuses les enjeux mais je suis plus optimiste que son billet sur la place des bibliothèques . Les évolutions à venir seront probablement un remixage des scénarios qu’il évoque: orienter les usagers dans l’explosion documentaire du web, participer à la société de la connaissance en créant des articles synthétiques sur des sujets ainsi que proposer des ressources en ligne en les documentant et en leur donnant du sens au-delà du simple signalement.

Le réflexe s’installe ou est déjà bien ancré pour certains: aller sur le net pour découvrir et écouter un artiste. Nos sites ou nos portails internet ont tout intérêt à se mettre au diapason, c’est à dire inclure de l’écoute musicale soit via des playlists soit directement dans nos catalogues.

Plusieurs bibliothèques se sont lancées dans des expériences soit le téléchargement légal avec Ithèque ou Bibliomédias et/ou du streaming avec l’offre Naxos soit l’écoute sur place de musique libre ou de leur catalogue via leurs OPAC,  via des bornes ou des PDA. Nous trouvons de plus en plus de playlists thématiques sur nos sites institutionnels.

Sous réserve d’une rétribution des ayant-droits ou d’une exception législative pour les bibliothèques, les bibliothèques auraient pu mettre en oeuvre une solution presque idéale: numérisation collaborative au niveau régional voire national des collections de compacts disques pour mise à disposition en ligne via un portail commun. Malheureusement la loi dite Hapodi, adoptée le 13 mai 2009, ne permet pour l’instant qu’une numérisation à des fins de sauvegarde et limite à l’écoute sur place sur des terminaux dédiés. Cette avancée depuis la DADVSI a été obtenu grâce à l’action de l’IABD.

Dès lors les développements actuels de la musique en ligne nous offrent pour l’instant deux alternatives:

  • le streaming, c’est à dire l’écoute en direct sans téléchargement du fichier musical sur son ordinateur. Cette approche semble avoir la faveur de nombreux collègues. Avantage: moins de problèmes de droit, pas de gestion de portail pour le téléchargement; inconvénients: absence de maitrise de l’offre, selon le bon vouloir ou les contraintes du fournisseur de streaming des contenus peuvent disparaître, la bibliothèque ne possède plus la musique mais est abonnée à un flux variable, suppose que l’usager a un accès internet via un ordinateur ou via un téléphone mobile
  • le téléchargement, c’est à dire l’enregistrement provisoire contrôlé par DRM (Digital Right Management) du fichier musical sur son ordinateur avec transfert ou non vers un appareil mobile type baladeur numérique ou téléphone mobile. Cette option semble en perte de vitesse, notamment à cause de catalogue pas assez étoffé du côté des majors, du fonctionnement des DRM et de doutes quant à l’intérêt de nos usagers pour ce type de téléchargement face aux offres commerciales sans DRM, au p2p et au streaming. Avantages: une meilleure maitrise de l’offre (sélection possible dans l’offre globale pour mettre en avant certains contenus), plateforme de valorisation des contenus, offre déconnectée possible. Inconvénients: méfiance vis à vis des DRM, les DRM ne sont pas 100% compatibles avec toutes les configurations et tous les baladeurs numériques, obligation pour l’usager de télécharger sur son ordinateur un programme gérant ces DRM, les fichiers n’appartiennent pas à la bibliothèque.

Face à ces perspectives êtes-vous streaming ou téléchargement?