Ralentir l’action culturelle en bibliothèques

Garage avec plusieurs instruments de musique plus ou mois éclairés.
Photo de John Matychuk sur Unsplash

« c’est un infini en intensité et non en extension qu’il s’agit d’inventer »

Alexandre Monnin et Nathan Ben Kemoun : La sobriété comme suffisance intensive, l’exemple de la musique – La musique en mouvements

Enjeux d’un ralentissement de l’action culturelle

La réduction plus ou moins importante des budgets ou du temps disponible en interne pour mener des projets alliée à la prise en compte des enjeux écologiques engagent les bibliothèques à repenser aussi la place de l’action culturelle.

Faire venir de très loin, même en train, certains artistes pour une ou deux soirées posent aujourd’hui question. Enchaîner les expositions ou certaines propositions, pour remplir une saison culturelle et essayer de faire du chiffre, doivent aussi être interroger en terme d’impacts sur le territoire et les habitants.

Élargir vraiment les publics de l’action culturelle, au-delà des multi-pratiquants (qui fréquentent intensément tous les lieux culturels) et des convaincus (sur une forme, comme les accros au conte, sur une thématique, comme les écologistes convaincus) demande une approche globale et du temps long.

Si les bibliothèques veulent aller davantage vers les droits culturels et la co-construction (avec les partenaires et-ou avec le public), il est urgent de ralentir et de prendre le temps de repenser le projet culturel et les méthodes pour le mettre en œuvre.

Ralentir pour approfondir les projets

Comme le souligne fort justement le compte-rendu du Forum Bis:

  • Ralentir faciliterait la coopération et la coconstruction des projets culturels et artistiques.
  • Ralentir permettrait une meilleure articulation des projets culturels aux enjeux écologiques.
  • Ralentir participerait à la qualité des projets culturels et artistiques. Il permettrait plus de créativité, un meilleur accueil des équipes artistiques et des publics, plus de temps pour la rencontre, pour la médiation.
  • Ralentir offrirait une meilleure qualité de vie, plus de confort, de sérénité, de sécurité, de santé au travail. Il ne s’agit pas seulement de faire mieux, mais d’être mieux.
Montgolfière sur un ciel rosé.
Photo de Dzmitry Tselabionak sur Unsplash

Prélude au ralentissement: réfléchir en interne

Les bibliothèques ont tout intérêt à bifurquer dans cette direction commençant par un temps de la réflexion en interne. Vous pouvez d’ailleurs vous inspirer de l’atelier utilisé lors du Forum Bis (voir en annexe du document)

Les objectifs de l’atelier étaient les suivants:

  • Mettre en débat le sujet du renoncement
  • Permettre à un groupe de pouvoir discuter et partager des idées autour de ce sujet
  • Identifier les axes à explorer en lien avec le renoncement

Trois étapes pour ce formation d’atelier participatif type World Café:

  • Premièrement : Que pourrait-on faire moins ?
  • Deuxièmement : Que gagnerait-on à faire moins ?
  • Troisièmement : De quoi aurions-nous besoin pour faire moins ?

Quelques pistes de travail pour ralentir l’action culturelle

Pour conclure provisoirement le sujet, voici des premières pistes de travail et de réflexion:

  • travailler avec des articles locaux sur des pratiques artistiques sur le long terme
  • amplifier les démarches de co-construction et d’implication des usagers autour de leur talent ou de leur passion.
  • faire venir pour un temps plus long des artistes venant de loin pour des rencontres, des ateliers et de la médiation dans différents lieux et situations
  • prendre le temps de rendre les projets adaptés au territoire et aux habitants
  • prendre le temps de donner envie de venir, de participer ou de s’impliquer.

D’autres idées ? D’autres envies ?

Commentaires

2 réponses à “Ralentir l’action culturelle en bibliothèques”

  1. Avatar de Nicolàs Garnier
    Nicolàs Garnier

    C’est un sujet très intéressant, au sein de l’équipe avec laquelle je travaille des discussions ont souvent lieu à ce sujet, certains d’entre nous pensent que trop d’actions culturelles tue l’action culturelle.

    Que différentes manifestations en même temps compliquent la lisibilité de l’agenda, mais on note parfois que la plupart des collaborateurs porteurs de projet préféreraient voir le projet de son collègue reporté ou annulé plutôt que le sien…

    Pour ma part j’estime que la culture peut aussi s’inspirer du modèle de la fast fashion (ouh là je ne vais pas me faire des amis en disant ça ), mais comme aujourd’hui il n’y a pas un public mais des publics, je n’ai pas de problème à proposer plusieurs événements en même temps pour des publics différents, les usagers sont habitués à ce mode de consommation dans la vie réelle de toute façon, si ce n’est pas nous qui le faisons, Netflix, YouTube et Instagram se chargeront de récupérer ce « temps de cerveau disponible » et d’éloigner des bibliothèques les usagers d’aujourd’hui…

    En revanche, il y a peut-être une question à se poser en terme de coût, et de pertinence de certains projets, les fameux partenariats transversaux avec le monde associatif et culturel qui proposent souvent des projets « clefs en main  » sont très profitables aux bibliothèques en terme de travail et de préparation mais ont parfois un coût financier élevé.

    En revanche créer des ateliers réguliers, (la répétition n’est pas un problème), comme des siestes musicales, des ateliers Mao, des visites découvertes de fond patrimoniaux au grand public, des instants critiques ne coûte rien ou très peu, le tout est de pouvoir rendre ces animations simples comme un événement exceptionnel.

    Il s’agira donc de miser sur une communication efficace et de donner l’impression d’un événement de prestige, le lieu et le mobilier où se dérouleront ces actions devront donc également faire l’objet d’un traitement spécifique (on ne reçoit pas un public prestigieux sur des chaises en plastique à roulettes par exemple)…

    Enfin pour la cohérence carbone avec les groupes locaux, on part sur une évidence… mais à titre d’exemple cet été, je me suis rendu à une fête de village dans le Jura où la mairie s’était assurée de bien faire venir un groupe local de musique, des personnes âgées et un public familial s’étaient déplacés, le groupe à joué du métal toute la soirée, du coup tout le monde est parti…

  2. […] Ralentir l’action culturelle en bibliothèques – XG_BlogNotes. « c’est un infini en intensité et non en extension qu’il s’agit d’inventer »Alexandre Monnin et Nathan Ben Kemoun : La sobriété comme suffisance intensive, l’exemple de la musique – La musique en mouvements Enjeux d’un ralentissement de l’action culturelle La réduction plus ou moins importante des budgets ou du temps disponible en interne pour mener des projets alliée à la prise en compte des enjeux écologiques engagent les bibliothèques à repenser aussi la place de l’action culturelle. […]

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