En préparant une intervention sur l’évolution des bibliothèques face au numérique, je lisais une excellente enquête faite à Genève sur les non-usagers, les interrogeant sur l’image qu’ils se font de nos établissements, des bibliothécaires, sur l’accueil, sur les obstacles à la fréquentation et leurs attentes.
Cette enquête n’apporte rien absolument révolutionnaire mais elle confirme une nouvelle fois les freins que constituent les contraintes liées aux horaires d’ouverture et aux conditions de prêt.
Si des expériences sont tentés pour favoriser les prêts comme le Pass’partout à Haguenau (prêt de 4 semaines sans limitation de documents sauf 1 partition maximum), le schéma d’un quota par type de support (comptabilité parfois complexe et pas toujours justifié: pourquoi limiter le nombre de cd alors que les bacs débordent?) et pour une durée de 3 à 4 semaines reste majoritairement appliqué. Et si les usagers sont en retard et ont oublié de faire prolonger leurs prêts, les amandes sont parfois salées quand il s’agit d’une famille…
Rapprochons maintenant ce carcan de la disponibilité permanente des ressources web et de son offre supposée infinie auquel vient s’ajouter le développement de service de prêt numérique, est-ce qu’il n’est pas temps de revoir complètement notre conception du prêt?
Je pense pour ma part qu’il devient indispensable de penser autrement ce service notamment pour le fluidifier davantage. Quelques suggestions en vrac:
- généraliser les boites de retour
- repenser les durées de prêt par rapport à son contexte. Les rythmes et la manière de vie des français ont changé, les durées et conditions de prêt en bibliothèque très peu. Il serait bien sûr utile de revoir en même temps nos jours et heures d’ouverture. C’est un autre débat.
- supprimer le nombre limite de livres empruntables et dès que la collection le permet pour les autres supports. Nous le pratiquons le prêt illimité tout support dans les bibliobus du Haut-Rhin et la très grande majorité des gens s’autolimitent en fonction de ce qu’ils savent pouvoir lire d’un passage à l’autre.
- faciliter le prolongement du prêt par tous les moyens de communication (site web, téléphone mail,…) et accepter plusieurs prolongations avec comme contre-partie de demander le retour de l’un ou l’autre document s’il fait à un moment donné l’objet d’une réservation.
- envoyer les documents au domicile par la poste
D’autres idées pour éviter que le prêt devienne une pratique ringarde?
Je sais que l’une des grandes angoisses du bibliothécaire est d’avoir des rayonnages vides… Il me semble quand même que l’objectif est d’abord de faire circuler les documents.
L’un des autres point mis en exergue par l’enquête genevoise, c’est la mauvaise image des bibliothèques auprès des ces non-usagers. J’y reviendrais.