errance d’un mot

Sur fond de musiques absurdes, je me suis perdu dans les rues à la recherche d’un mot, je croyais l’avoir sur le bout de la langue mais en fait il était dans les airs, il s’enfuyait et se posait deci delà, sur les épices ou dans l’herbe ou au bord de l’eau, le fragile avait une prédilection pour les matières instables et vulgaires, invisible mais puissant à la fois, je me sentais comme en chantier suivant ce mot et les lignes de fuite sur ce mur blanc, je n’errais pas vraiment, j’étais là au hasard et j’avais une terrible envie de crier, de mettre à distance toute cette souffrance que je voyais au loin mais qui blessait le paysage.

d’après le blog paumée de Brigetoun, inspiré d’un billet Recycler errance d’un mot

froissement heureux au coeur du monde

J’avais rendez-vous avec sa musique, quand je passais le piano vibrait par delà les fenêtres, on aurait dit que les notes cherchaient à sortir, je m’arrêtais devant cet immeuble sans personnalité et j’écoutais, parfois j’arrivais à entendre tout un morceau et je repartais, d’autre fois je saisissais au vol un passage mais je ne pouvais m’attarder, je vivais régulièrement des moments magiques où les nuages, les passants, le mouvement des arbres, le bruit d’une voiture qui démarre, n’importe quoi, entraient en résonance avec la musique, alors je souriais à cette harmonie, ce froissement heureux au coeur de monde, tout commençait à prendre du sens et quand je partais la mélodie persistait longtemps et me quittait parfois juste au moment du sommeil, je me laissais griser par la promesse des sons.

d’après le billet N’importe quoi du blog paumée, divagations de Brigetoun

Feuille morte

J’ai perdu la tête. J’ai fui, j’ai marché, j’ai couru, j’ai frappé sur les arbres, je me suis perdu dans cette forêt. J’ai crié doucement en moi en regardant tomber cette feuille morte. Je ne veux pas vieillir. Je ne veux pas être seul. Je ne veux pas devenir fou. Et pourtant mes pensées s’échappent et flétrissent comme ces feuilles mortes. Et pourtant les mots s’emmêlent dans ma bouche et à force de chercher à les rassembler, j’en perds tout mon souffle. J’ai peur et je voudrais être plus que le reflet de moi-même. Aurais-je droit à un printemps comme ces arbres qui m’entourent et me protègent?

d’après le photoblog de Luc Lombarda , inspiré de la photo Feuille morte – Arboretum de la vallée aux Loups

Le port s’éveille

Chaque matin je m’éveille
dans le fracas liquide du port
le métal et la mer explose la ville
avec la complicité sournoise et feutrée de la brume
comme tous les jours,
le port forge ma conscience aiguë
de la fragilité des mots
flottant dans l’éphémère.

inspiré du photoblog exposure.unforgiven-art.de, d’après la photo The port wakes up

Chemins

On passe sa vie à chercher un chemin, celui qui ne nous mène pas directement à la mort, le petit sentier de traverse où l’on pourra aimer, rire, pleurer, briser quelques illusions aliénantes,

on passe sa vie sur une route pleine de brouillard avec quelques éclaircies joyeuses, ces moments rares où l’on se sent exister, ces joyeux instants où notre regard porte loin, si proche du bonheur

on passe sa vie à hésiter devant les bifurcations, sauf ceux qui croient qu’il n’y a qu’un seul chemin, le bon, alors que tous les chemins valent par le sens qu’on leur donne, quelque soit le choix, même l’évidence, reste à construire son propre itinéraire, celui qui nous permet de garder notre sourire en plein milieu de l’hiver.

d’après le photoblog A day in a librarian’s life, inspiré de la photo on the road and the winter coming

Ma vie en morceaux, la tête dans les étoiles

Ma vie en morceaux, la tête dans les étoiles
(s’est (soudain) cassée)

Dans ma vie en morceaux, j’avais parfois la tête dans les étoiles, ces moments de grâce où le temps s’arrête. Ma fille qui danse dans la neige, les pas plus légers qu’un flocon, si léger qu’elle pourrait s’envoler tel un nuage en forme de sourire. Dans ces parenthèses ouvertes sur l’insouciance, je ne trouve rien à dire. Ce silence est pris comme une menace. Alors que je commence à me détendre et que je succule la joie, me voici sommé de remarquer, de dire et d’exprimer cette fois quelque chose au lieu de cette expression indéfinissable, ce visage rabat-joie et cette attitude limite angoissante. Cela sera bientôt de ma faute si toute cette beauté vient à se casser.

Ma vie en morceaux 2/3
d’après le photoblog head full of sky, inspiré de la photo happiness

Il y a des paysages qui font peur

il y a des paysages qui font peur, l’infini  n’est pas accueillant, le vide tel un ennemi paraît déjà rempli, même les nuages n’offrent aucune échappatoire les yeux fermés il n’y a que la couleur pour repousser le cauchemar.