Pour un Système Universel de Gestion de Bibliothèques

L’annonce de Worldcat Local transmis ici par Nicolas Morin ravive des réflexions à propos des perspectives à long terme de nos Système Informatique de Gestion de Bibliothque (SIGB). L’an dernier j’avais vu l’exemple du portail des bibliothèques danoises: Sogning. Ce portail permet la recherche et la mise à disposition de documents même s’ils ne sont pas dans sa bibliothèque d’inscription. Extrait de leur page About bibliotek.dk:

« In bibliotek.dk you will find records of all items published in Denmark as well as all items found in the Danish public & research libraries.Thus, bibliotek.dk is not a library but rather a database of the items found in the stock of the Danish public libraries.
Furthermore, you can place requests for items at your local library (even if the library does not have the item you want) – you decide which library to contact. You pick up the item from the selected library. « 

Eu égard aux évolutions des catalogues et des accès internet, nous pouvons très bien envisager une solution dite client-serveur au niveau national: un SIGB (libre) pour toutes les bibliothèques (universitaires et publiques) qui s’y connectent en tant que client. Le SIGB national récupère les notices (BnF, Electre, Amazon, autres…). Les bibliothèques cochent la case commande pour les acquisitions, puis ajoutent les informations locales (inventaires, cotes). Fin du doublonnage des activités (catalogage, indexation, rattachement SUDOC,…)

Ce Système Universel de Gestion de Bibliothèques pourrait aussi prendre en charge les fichiers lecteurs et la circulation (prêt/retour) des documents. Quant aux statistiques, plus besoin des lourdes enquêtes Sous-direction des bibliothèques et DLL, tout est réuni au même endroit. En cas de problème de connexion internet, il faut prévoir un prêt local qui puisse se télécharger ensuite sur le serveur national.

Le prêt entre-bibliothèque en serait aussi simplifié via cette plate forme unique. Il serait du coup possible d’envisager de faire circuler des documents au niveau local (département, région, autres limites ou pas de limites…) afin de mieux répondre aux demandes ponctuels des usagers.

La recherche de documents sur les bibliothèques françaises se ferait via une interface unique voire via un plug-in Firefox.

Cette solution n’exclue pas la possibilité de faire des portails locaux avec des interfaces personnalisées grâce à des modèles de page spécifiques.

Si je prône une solution libre, c’est afin que nos collègues informaticiens volontaires puissent à développer des fonctions complémentaires au lieu de passer des heures et des jours à contacter la maintenance des logiciels ou de relancer sans arrêt pour demander la mise en oeuvre de nouvelles fonctionnalités. L’idée serait de faire soi-même ou de faire développer des fonctions type web 2.0 autour du catalogue et surtout de pouvoir le mélanger/remixer (mash-up) avec d’autres scripts ou logiciels libres ainsi que faciliter l’appropriation de nos données par les internautes. Pour les collègues qui ne se sentent pas l’âme programmeuse, ils pourraient se consacrer à la formation, à l’animation et à l’accompagement de cette médiation numérique…

Les problèmes techniques et financiers d’une telle utopie sont mineurs à coté des bouleversements que cela supposent dans la culture professionnelle (abandon du catalogage, quelle sera la forme de la notice idéal?, ne plus être propriétaire de ses données, absence de maîtrise du SIGB,…) sans compter le bouleversement sur la marché des logiciels de bibliothèques.

Il me semble en tout cas que cette perspective offre beaucoup de liberté pour développer ensuite un ensemble de services numériques (créer des articles sur des genres littéraires, des sujets académiques, des questions de sociétés ou repérer, sélectionner et mettre en valeur des informations sur le web) qui eux aussi pourraient être mutualisés et donc plus ambitieux en terme de contenus et d’étendue de l’offre.

Est-ce trop utopique?