Vases communicants juillet 2012: Samarkand rêvé…

Vase communicant avec Chez Jeanne

Vases communiquants

Vue Sur un Jardin derrière une porte

« dans la cosmogénie celte, le pouvoir d’un songe est aussi réel que la trace d’un pas. » Hugo Pratt

Corto attendait..
dos à l’amer.
dressé. fier.

on aura écouté la mer au creux d’un coquillage, là, dans l’ombre d’une palmeraie – sur les bords de Samarkand. on se sera retrouvé au bord d’un monde qui tait son nom de crainte de trop en dire. Avec nous les odeurs de roses éphémères, des effluves du bazar quelques ruelles plus bas nous revenaient épicées et nous laissaient suaves.

on avait poussé jusqu’à Boukhara, avions pris date au palais des derniers rois « sitorai mokhi khossa », « le lieu de rendez-vous de la Lune avec les étoiles ».
d’ici, d’où nous rêvions, tout n’était que doux.
nous n’étions plus ces embruns de bretagne qui frappent parfois les phares. Nous nous rêvions d’ailleurs ou d’outrepart. plus brumes ou vapeurs. aériens nous étions.
nous étions marins sur l’Eridan, Orion à s’approcher de Cassiopée. Toutes voiles hissées. Le large nous menaient.
les nuages naissaient dans les montagnes et déversaient leurs larmes bruinantes tout autour. On avait retrouvé la mer dans les coquillages murmurants. On se perdait là, à ne plus savoir qui du ciel ou de l’écume tenait ce bleu. on oubliait qui des vagues ou de notre houle nous emportait – et tout sur notre passage.
nous n’étions pas – déjà plus – ces embruns de Bretagne qui frappent parfois les phares. Nous disparissions au soleil couchant – d’ether et de rose fardés. nous nous rêvions et menions l’ailleurs en d’autres temps. on s’échappait. nous aimions Samarkand. nous. étions. Samarkand. sa route de soie tissée au fil des songes..

&.
Corto attendait..
dos à l’amer.
dressé. rêveur fier.

Photo du jour le 1er juillet 2012: les flammes de l’été

Même si l’hésitation n’est plus de mise, tout concoure à me faire regretter -un peu- de quitter Paris, les amis qui ne cessent de m’inviter à dîner, les rues qui deviennent vivables en cette période estivale, le coucher de soleil sur la tour Eiffel que je suis en train de dessiner, il y a aussi le sourire de cette jolie femme, mon appartement grand et pratique, les épiceries du quartier, mais je me sens piégé, pris dans la nasse de cette vie frénétique, grisante, enivrante malgré tout mes efforts je suis emporté par le futile, les tentations et les relations sociales si faciles, je n’arrive pas à finir mes projets de bandes-dessinées, et puis le présent est trop éprouvant, je n’arrive plus à trouver ce brin de légèreté pour supporter telle ou telle contrainte, je ne sais plus attraper ce grain de folie qui me fait aimer mon métier, qui me permet de créer toutes ces histoires, qui fait que je me sens exister, et quand respirer devient difficile, quand être soi-même devient un effort, quand se perdre dans le mensonge des autres nous guette, alors il faut partir, suivre les flammes de l’été, celles que j’ai esquissées au-dessus de la tour Eiffel.

d’après la photo du jour le 1er juillet 2012 par @petrichor218_gi sur Webstagram