la fille de papier à Amsterdam

La journée avait été étouffante. J’avais vécu recluse et concentrée sur mon reportage. Il y avait quelque chose d’étrange dans l’air. Alors que je mangeais machinalement mon sandwich au bord d’un canal, une nuée d’ampoules électriques passa, brillant dans le soleil couchant. Je saisis mon appareil photo et pris des clichés à la volée. On verra au développement.

J’entrai ensuite avec appréhension dans le quartier rouge d’Amsterdam qui était calme en cette saison à cause de l’absence de touristes. Je fis comme prévu dans mes repérages lors des nuits précédentes. Les filles semblaient ailleurs ce soir, comme pas concernées et pressées que cela finisse.

Et puis il y a eu cette fille, jamais vue avant, dans une vitrine parsemée de papiers froissés, si vivante, si attirante. Son bikini de papier semblait fragile et infranchissable en même temps. J’ai pris plusieurs clichés de ces différentes poses – heureusement que j’étais accréditée – et, une fraction de seconde, l’expression d’une tristesse fantastique passa sur son visage.

Cette photo me fait toujours autant pleurer que le soir-même en rentrant à l’hôtel sur le Herengracht.

image aussi visible sur Isartpostal

fleur irradieuse

une aube suspendue
entre effroi et paix
se laisse caresser
par une fleur irradieuse
fascinante beauté
de la catastrophe invisible

inspiré du photoblog Sharaku, d’après la photo 斑夢

un ange inquiétant

des balbutiements qui soignent
les démons hypnotisés par la mélopée
cherchent un salut dans le piano
qui les frappent et les transforment

surgit l’ange
fascinant réconfort
qui inquiète

à l’écoute de Doctor / patient de Meredith Monk

masques sonores

une voix crépite au-dessus d’un piano
volcan hésitant
qui souffle les braises de nos sens

à l’écoute de Masks de Meredith Monk

l’attente

J’ai souvent préféré l’attente
sauver quelque chose du temps
avant que la fureur agitée
nous emporte
pour n’être à peine plus
qu’une poussière de rêve
troublant l’ombre d’une main

d’après le Saraanne’s photoblog, inspiré de la photo Hammershoi
( et citation: « Sauver quelque chose du temps où l’on ne sera plus jamais », Annie Ernaux)