Ma ville est vide

Ma ville est vide, ce n’est pas une explosion nucléaire ou autres catastrophes, ce n’est pas un jour férié, ce n’est pas l’heure creuse où tout s’absente sans qu’on ne sache pourquoi, ce n’est pas une évacuation préventive face à une intempérie majeure, ce n’est pas un montage, c’est mon crime qui m’enlève toute vie intérieure, la culpabilité efface toute présence humaine, une paranoïa poussé tellement loin que même mes yeux se jouent de moi, ce vide insensé visant à vouloir me faire basculer dans la folie alors que c’est aux autres de disparaître, ce serait si bon d’être le seul homme en vie avec tout à moi, pour moi et à cause de moi, devenir le maître du monde pouvant faire cesser tous ces sons absurdes qui ne font rien que contredire ce que je vois et ce que je veux, non, non, non, je ne peux pas penser sans le silence absolu.

d’après les photos de Matt Logue, inspiré de la photo Untitled #46 de la série Empty L.A.

Paysage en miette

Ma vie part en miettes, mes points d’ancrage se sont effrités et je suis devenu aveugle, ébloui par tant de violence alentour, tous ces mots acérés comme des rochers, je voudrais errer, prendre le temps d’apprécier le bleu si pur, écouter le calme du lac, appuyer sur pause dans ce diaporama blessant, la fin de notre amour, toutes les imperfections et les erreurs jaillissent du train train calme, sans compter les reproches claquant dans mon coeur pris par surprise et qui se serre, loin de tout comprendre, on dirait que les regards changent autour de soi et que tous approuvent la descente aux enfers… impossible de crier quand tout est parfait autour de vous

d’après les photos de Matt Logue, inspiré de la photo Mono Lake, CA