Feuille étrange

Entre deux lectures, je vivais dans la tristesse de rêveries angoissées, comme cette feuille gisant dans les airs, entre deux eaux, décrochée mais pas encore échouée, au risque de se fondre ombre étrange dans la brume de ce soir tragique d’automne où la nature n’attend qu’une chose, sa mise à mort saisonnière, il faudrait avoir la force d’un souffle pour sauver cette feuille, lui donner un sursis de quelques jours, la propulser vers le soleil où dans un rêve heureux qui lui accorde cette immortalité fragile des souvenirs heureux.

d’après la photo sans nom du photoblog More reveries.
(Reveries 2/3)

Lire en automne

Entre deux averses ce livre rongeait ma solitude, l’automne était ma période fétiche pour lire et vivre par cafard interposé cette nuit perpétuel en moi, tenter de détromper le flot de questions affluant quand l’hiver empêchait les distractions extérieures, la bière dégoulinait dans ma torpeur près d’un feu brulant, tisonné à blanc pour provoquer cette fatigue hypnotique et bienveillante du feu de cheminé, j’arrivais alors à ne plus penser et me laissant porter par ces suites de mots menant nulle part sinon à un sommeil pas trop cauchemardesque, la dernière gorgée de bière est la plus amère, sensation d’une vie longue en bouche, qui s’accroche

inspiré de la photo Beer and a book du blog More reveries.

(Reveries 1/3)

Mirage joyeux

Le sable brillait d’un halo tendre, nos rires crissaient plus forts que nos pas, on aimait se raconter des histoires de mers et de voyages, l’avenir était au-delà des océans avec force aventures et joyeuses surprises, quand il est apparu, on a cru le reconnaître, ses bras s’agitaient comme un signe d’amitié, une invitation, on a couru

il dansait sur la dune, il glissait avec classe, il virevoltait au milieu de la poussière du sable
… nous avons failli croire à l’arrivée d’un nouvel ami, nous avons failli croire à l’espoir retrouvé, nous avons failli croire en notre survie
… la civilisation à portée de regards
sans un cri … un souffle d’air a dissipé ce mirage joyeux

inspiré des photos de Pierrot Men, d’après la photo Sarodrano 1999

Danse des mains

La danse de ses mains hypnotisent mon regard tout autant que mon corps, flou où mes sens moussent et pétillent, je ne fuis pas cette peur panique du bonheur, cet excès d’effervescence qui dérèglent la raison hallucinée par tant de paisibles sentiments et de plaisirs, j’entends le sourire de nos corps accueillir de concert la jouissance.

inspiré des photos de Pierrot Men, d’après la photo Antsirabe 1998