Cabane de plage

Crépitement des graviers
Plage aplatie
Pépiements de la mer
Air aplatie
déchirement de l’horizon
Couleurs aplaties
Effacement des silhouettes
Corps aplaties


– « Silence » /dit l’harmonie/

d’après le photoblog Lucca’s Café, inspiré de la photo Beach Chair

Deux fenêtres sur ma mélancolie

Je me souviens de ma mélancolie
quand la réalisation de ce tableau rongeait ma vie
je contemplai avec envie
cette facade de l’autre coté de la rue
Je n’ai pas peint la lumière crue
qui adoucissait la décrépitude vue
par tous les passants frénétiques
ces deux fenêtres n’étaient pour moi que panique
Elles étaient le reflet critique
de ma vanité d’artiste
avec le temps tout se flétrit et devient triste
A quoi bon jouer au Christ?

d’après le photoblog Lucca’s Café, inspiré de la photo Two old Windows

Peu de mots

J’attendais avec gourmandise mon heure de fantôme
hanter délicieusement cette maison
poser mes lèvres gourmandes sur les pierres
arracher des craquements goûteux
se délecter des pensées inquiètes et des tremblements humains
croquer le parquet pour déguster la crème des cris
faire de la lumière ce halo chantilly qui terrifie les locataires
siroter le peu de mots qu’ils osent dire face à l’inconnu
et terminer par un rire croustillant propice à la crise cardiaque des plus faibles
J’en salive d’horreur.

inspirée du photoblog Pensées photographiques, d’après la photo Une maison, peu de mots

Le cahier du muet

On m’appelait le muet, jamais rien ne disait, mes cahiers d’écolier étaient mon seul espace de paroles, j’écrivais les pleurs qui ne sortaient pas, je dessinais les fantômes du coin de la rue, ceux qui me poursuivaient en hiver, je transcrivais mes pensées aléatoires sur ce que je ne comprenais pas, je me rêvais autre, je riais tout seul de mauvaises blagues, je cachais mes chagrins et refusais mes espoirs, on aurait dit que je savais écrire avant d’avoir appris à lire, il n’y a que l’amour que je n’ai jamais su écrire ni dire, aujourd’hui encore je le cherche à chaque phrase, je ne sais pas ce qui me manque mais cela fait mal.

inspiré du photoblog Pensées photographiques, d’après la photo Retour au travail

Tête dans la bonheur

La photo surgit au détour d’un feuilletage, ce passé me semble lointain et improbable, pourtant d’un si violent retour à la mémoire, … exalté par un sentiment de liberté, j’avais erré en écoutant mes pas et le fil de mes pensées, libéré de ma vie et prêt à en recommencer une autre, ivre des possibles, je m’étais endormi dans ce champs, je devais m’imaginer heureux

inspiré du blog Pensées photographiques, d’après la photo Ah…Oh…Mmmm

Micro-fictions

1/ Marcher dans la rue

Comme le dit la chanson, je marche seul et anonyme dans cette grande ville. Mes pas appuient sans cesse sur le macadam et je marche au hasard. Les panneaux des rues guident à peine mon chemin. C’est dimanche et les passants s’enfuient eux aussi décidés et pressés vers des lieux précis. Les magasins sont fermés et les rues trop propres. On pourrait se croire dans un rêve. Je croise un homme mal fagoté qui parle seul, comme s’il s’engueulait avec sa femme. Un chien me fait sursauter en me dépassant comme un dératé. Au premier étage d’un immeuble, j’entends la mélodie mal assurée d’un piano. Soudain au détour d’une rue, la foule est là, écoutant au milieu d’une place un groupe de musique.

2/ Dépression commerciale

Une jeune femme seule traîne les pieds d’une boutique à l’autre. Le centre commercial semble une vaine distraction à sa légère tristesse. Sa chevelure cuivrée et son port altier intriguent tout autant qu’ils dissuadent les regards. J’attrape au vol les murmures d’un vieux: « si jeune et déjà fatiguée de vivre ». Il s’en suit une détonation. Tout le monde est saisis d’immobilité pendant une fraction de seconde. Chacun se fait son film pendant ce bref laps de temps: attaque à main armé, attentat,… Le vieux et moi nous regardons en pensant la même chose: suicide? Non, un énorme pétard qui a fait résonner son écho dans les méandres du centre. Quant à notre jeune femme, elle a disparu…

3/ Étrange fin de journée

Je quitte le travail plein de projets. La journée pleine de contrariétés aurait dû m’alerter. J’entends la sirène du SAMU. La circulation fuse autour de mon vélo. Je passe à côté d’une femme hurlant contre son enfant qui se débat. vlam, vlam,… vlam, vlam, le train me double à grande vitesse sans crier gare. L’ambiance de cette fin de journée ne me plaît pas du tout. La lumière si belle de ce coucher de soleil cligne soudain comme une fin du monde, contraste trop paisible avec la tension perceptible dans les rues. D’autres sirènes retentissent, la police et les pompiers, peut-être une autre ambulance. Dans lesembouteillages du soir, le calme n’est qu’une façade fragile, inquiétante. J’aimerais être déjà rentré et avoir échappé aux risques de cette étrange fin de journée.

Dire aux mots d’attendre encore un peu

Devant la fenêtre à histoire, j’attends les mots
Le murmure de mes rêves se fait entendre sur le cliquetis du clavier
Parfois, j’ai peur
La phrase est suspendue à une douleur,
J’aimerais fuir,
fermer la fenêtre et laisser se dissiper
se dissoudre dans l’air les maux
pouvoir dire « attends, je reviens tout de suite »
et ne garder que le beau
sur la page qui vient de s’écrire

inspiré du Fakri’s Photoblog, d’après la photo I come back!

Ta lumière dans la nuit

Mon jardin est un théâtre d’ombre peuplé par ton corps, il n’est pas de rêves où tu ne danses avec ton parapluie, où ton corps ne devienne une forme abstraite qui se cache et se dérobe sans cesse,
nulle bougie, nulle source de lumière qui sachent t’incarner, qui sachent révéler ta douceur, qui sachent trouver le mouvement de tes cheveux

je cherche dans ces reflets cet au-delà du souvenir, tes lèvres plus légères que l’air qui nous entoure.

inspiré du Fakri’s Photoblog, d’après la photo Your Lighting in darkness of my garden