neige vide

ma vie s’écrit de croix et de pas à pas, je cherche un peu beaucoup, folie,… mes traces sur la neige fraîche, tous mes rêves qui laissent à peine un souffle blanc sur le macadam, je cherche mes larmes, mes larmes enfin un peu cristallisées sur la folie blanche, l’absence, l’absence fondra comme la tristesse au printemps, je cherche mes larmes, leurs empreintes en moi ne s’effaceront pas tant que mes yeux pas à pas fuiront ce vide, déplaceront ce vide, porteront ce vide, je cherche un peu, beaucoup, folie… fuir une absence trop légère pour marquer la neige.

d’après Footprints and lines du photoblog Troisième oeil

immuables

Immobiles, ces récifs témoignent de la falaise, l’effondrement de l’immuable muraille de pierres et de plumes, la falaise a quitté sa verticalité pour s’allonger dans un fracas d’écumes, les plumes ont suspendues un temps la descente aux enfers, depuis la mer ne cesse de consoler ces carcasses brutes par ses flux et reflux sensuels, l’eau caresse et arrondit peu à peu les arrêtes douloureuses, les jours de grand vent des plumes viennent se déposer sur ses rochers, immortels témoins d’une folie, et l’on entend souffler les mots du paradis.

d’après la photo Immuables du photoblog chambrenoire

tempête

Ne le dis à personne, j’ai mon coin de paradis, je rêve devant ce petit étang, ne le dis à personne, je pars respirer l’ailleurs, je refais ma vie devant ce petit étang, ne le dis à personne, j’ai une tempête dans ma vie, une partie de mon coin de paradis s’est écroulé, ne le dis à personne, elle n’est plus, mes rêves ne savent pas où elle est partie, ne le dis à personne, je reste trop longtemps dans mon paradis, de plus en plus longtemps, je pleure ou je souris à elle, ne le dis à personne, elle n’est pas morte dans mon coin de paradis, je l’ai embrassé pour la première fois devant l’étang, ne le dis à personne, toute ma vie est dans ce paradis, même quand il n’existera plus, mes rêves le plus fous commenceront devant cet étang, même quand il n’existera plus, mes amours commenceront devant cet étang, même quand il n’existera plus, mon âme habitera le temps de cet étang.

D’après la photo d’une série intitulée balades du photoblog chambrenoire

Les yeux acides

L’acide a brûlé ce paysage
Dans chaque trait, il reste à peine
le reflet d’une ombre disparue
L’image a meurtri le métal
Dans chaque brûlure, il reste à peine
le reflet d’un souvenir

Le lointain s’efface
la brume gomme la vie
Elle oublie les hommes
L’usine se moque des champs
chaque fumée aspire les fragiles brins d’herbe
le paysage se dilue

mes yeux ont brûlé sous l’action de la pollution
mais il reste chaque fibre de mes mains
pour tracer dans la matière
les images qui disparaissent peu à peu
et les bruits s’amenuisent autour sans que je sache
si je n’entends plus ou si je suis seul.

d’après Le Monde expire… du photoblog chambrenoire

noirceur

étouffer par les lignes de force, je marche à l’aveugle dans ce couloir, tétaniser par les ombres, je tremble pourtant sous les regards, aveuglé par le noir, j’ai peur du chemin, asphyxier par le grain de l’atmosphère, je respire mes cauchemars, affolé par le silence, je voudrais ne pas courir, épuisé par ma course éperdue, il ne me reste plus qu’à photographier sans fin ce rêve de noirceur qui va peut-être m’engloutir.

d’après la photo Darkness du photoblog chambrenoire