Sous l’exposition

accepter les regards
cette sur-impression des regards
ces sourires ou ces dépits des regards
ces formes étranges qui m’entourent sans regard
tant de choses incompréhensibles comme ces deux visages privés de corps
tant de choses qui me manquent, des regards

il est loin le paradis perdu de l’atelier
où je m’ennivrais d’un seul regard amoureux
ses gestes sur moi bouleversaient mes pensées
il se cherchait en moi
transformant sans cesse mes couleurs, mes formes, mon horizon
un jour il a crié sa jubilation
il m’a manqué les larmes

Tout est figé dans une triste grisaille
les voyages soupirent de tristesse
Je sens ma vie s’effacer sous le poids des images
Ne restera-t-il un jour qu’un reflet de moi sur l’improbable fenêtre d’un collectionneur?

d’après Sous l’exposition de Liminaire: le Bloc-Note de Pierre Ménard

Marionnette pendue

Le diable est pendu, tel un ange noir quisurplombe nos vies, cette marionnette reste capable de se jouer de nous, elle capte notre folie pour la fossiliser sur un mur, prisonnier de nous-même il faudra la tuer encore et encore pour se libérer perpetuellement de ses démons, chaque fois que l’on croit fuir, la marionnette invoque à dessin nos travers ou d’un rire étranglé s’illumine de nos faiblesses, la garder, la regarder comme temoin aveuglant de notre humaine fragilité.

d’après la photo Hanged Puppet du photoblog A look trough lens