l’evanouissement d’une fleur

je ne sais plus si je t’ai jamais fait de cadeaux, je me souviens de rien tu le sais bien, tu m’offrais ton corps, tu aimais ma tendresse, j’avais ces gestes simples qui rassurent un quotidien, tu avais la fantaisie d’un bord de mer, je te faisais des plats de reine que tu dégustais lyriquement, ta parole et ta vie irrévérencieuse en choquait plus d’un, sauf moi, j’aimais vivre en liberté avec toi, tu respectais seulement les belles églises avec ton signe de croix quand on passait devant, notre vie coulait comme des nuages haut perchés dans les cieux, j’ai voulu pour une fois t’enivrer avec des fleurs, tu t’es évanouie de joie, à tout jamais.

d’après la photo Sitges : La calle se llena de flores du photoblog de Miradas de Paky

les trois éléments

Avant il y avait la mer, la vie
Maintenant il y a la rouille, la décomposition
Avant il y avait l’agitation, la joie
Maintenant il y a l’immensité, le vide
Avant il y avait les jeux, les conversations
Maintenant il y a les galets éparpillés, les rafales démentes
Avant il y avait les fremissements de l’eau, les éclaboussures ivres
Maintenant il y a les ondulations froides et menacantes du sable, les nuées ardentes du désert

Avant il y avait le ciel bleu, ta lumière
Maintenant il y a le gris infini, ton absence
Avant il y avait ton baiser débordant, ton rire tendresse
Maintenant il y a ta disparition, ton souvenir.

d’après Three Elements #1 et #2 du photoblog chromasia

Je ne suis pas flou

je rêve, je fuis, je floue bleu, je ne suis pas fou, les tâches blanches gâchent mon cerveau bleu qui flotte, j’imagine, je mange l’air, je m’immisce dans le bleu, je ne suis pas fou, les bruits de l’automobile cahotent dans mon cerveau métal qui brille, je cris, je vise, je crime bleu, je ne suis pas fou, les balles d’à coté hurlent dans mon cerveau flou qui disparaît au-delà du bleu, je ne suis pas flou, je ne suis pas flou, je ne suis pas flou, je respire encore pour vous.

d’après la photo Old blue 2OO2 du photoblog chez Flawijn

la rouille du temps qui passe

J’attends un autre départ, le temps s’enfuit comme des copeaux de rouille, immobile à capturer le babillement de l’air sur mes rouages, je sais bien que le jaune brillant de mon voisin aveugle tout le monde, derrière c’est moi qui huile à lui donner un sens, je suis le grincement de ses pensées et le rimmel de se pavanes arrogantes.

d’après la photo As time goes by du photoblog Lost in Shots