La veille collaborative en bibliothèque

Alors que la biblioblogsphère travaille à un outil de veille collaborative (voir ici et ), je voudrais aborder cette question selon un autre angle à savoir la mise en place d’une veille au sein d’une bibliothèque ou d’un réseau.

Dans le cadre d’un travail de synthèse bibliographique sur la veille réalisé en groupe à l’Enssib avec P-E. Bernard et S. Tournerie, nous proposons une petite définition: « A la différence de la recherche documentaire, action ponctuelle, la veille professionnelle est une activité continue et itérative visant à une surveillance active dans un domaine à l’aide de sources prédéfinies et à destination d’un public circonscrit. »

Dans la majorité des cas, la veille en bibliothèque publique s’appuie sur la presse professionnelle avec par ordre décroissant Livres Hebdo, Biblio-fr, Bibliothèque(s) puis viennent Archimag et le BBF sans oublier l’indispensable presse locale ou nationale. Il y a quelques sites et blogs professionnels qui sont visités régulièrement au gré de besoins ponctuels ou d’informations diffusées sur biblio-fr par exemple. Mais je doute qu’une véritable stratégie de veille soit mise en place sous forme d’agrégation de flux RSS ou en utilisant des outils tel que Copernic qui permettent d’actualiser une recherche sur un sujet. Nous trouvons quelques blogs de veille disciplinaire en bibliothèques universitaires comme Le Babouin (veille en médecine).

Afin d’élargir les sources, l’idée serait de systématiser et de formaliser la veille en la répartissant au sein de l’équipe de la bibliothèque. Il s’agirait d’identifier les nouvelles sources d’information à surveiller tel que la biblioblogosphère, les différents wikis professionnels, les listes de diffusion professionnelles ou thématiques, les sites ou les blogs en lien avec les pôles d’acquisition ou encore la veille sur les évolutions du web. Identifier d’autres sources locales que la presse quotidienne qu’elles soient imprimés ou numériques est indispensable. Une fois tous ces éléments réunis, une répartition est effectuée au sein de l’équipe avec obligation de restitution aux collègues soit sous forme de simple signalement soit sous forme de petite présentation du contenu qui renvoit à l’article original. Il me semble qu’un intranet sous forme de blog serait le plus pertinent dans ce domaine. L’envoi par messagerie interne n’est pas suffisant car il ne permet pas un archivage disponible à tous.

En prolongement, je propose aussi le repérage de sites internet utiles à tous qui pourraient être signalés dans ce blog et/ou archivés dans un site de signets partagés. Je pense ici à del.icio.us ou bookmarks avec des versions à installer sur son serveur comme del.irio.us. Une méthode identique peut être mise en oeuvre pour la base de signets proposée aux usagers. Cela facilite le repérage partagé des ressources numériques et nous pouvons aussi solliciter les usagers afin qu’ils nous signalent leurs références via un formulaire.

Une telle modalité de veille collaborative en interne permet de répartir la charge de travail tout en donnant à chacun une vision globale sur les informations et les ressources professionnelles sélectionnées dans le flot disponible. Il me semble que ce processus favorise d’ailleurs la diffusion d’un même niveau d’information à tout un chacun et qu’il implique le plus possible d’agents. Ces derniers se sentiront d’autant plus concerné par l’information diffusée qu’ils en produisent.

Je crois aussi que la mise en place d’une veille collaborative est une stratégie parmi d’autres pour accompagner le changement au sein d’un établissement, notamment dans un environnement qui devient de plus en plus complexe où les bibliothèques doivent tenir davantage compte de leur environnement. Le processus proposé ici permet en outre une appropriation des nouveaux outils internet qui sont encore peu connus de l’intérieur par les bibliothécaires. Enfin, pour les réseaux de bibliothèque, les BDP en particulier, cette veille collaborative peut être mise en disposition auprès des autres bibliothèques par la BDP ou la tête de réseau. Nous pouvons d’ailleurs envisager d’organiser cette veille collaborative sur l’ensemble du réseau.